Le monde de l’automobile de collection comme celui de l’automobile de luxe a fait face – comme tous les autres secteurs – a des difficultés fortes ces dernières années. Brexit, Covid-19, Guerre en Ukraine, le contexte économique, politique et sanitaire a mis à mal le rendez-vous préféré des amoureux de voitures anciennes. Annulé en 2021, le salon est revenu en 2022 dans une version réduite. Un service minimum qui pouvait laisser craindre à une reprise difficile ensuite. Rétromobile allait-il retrouver son aura ? Cette édition 2023 apporte une réponse claire et sans ambiguïté : oui ! Cette 47e édition est un grand millésime, entre tradition et ouverture sur le futur. Partons en promenade dans les allées du Parc Expo de la Porte de Versailles.
Un salon qui séduit de plus en plus les jeunes
En déambulant dans les allées de Rétromobile, j’ai l’habitude de faire partie des plus jeunes, moi le presque quarantenaire. Ici, on croise majoritairement un public âgé, cheveux blancs et gris cachés sous la casquette ou affichés fièrement ! Oui, les « vieilles bagnoles », ça parle aux anciens. Mais pas seulement. Rétromobile a aussi toujours eu un public jeune en parallèle. Celui-ci devient encore plus nombreux.
Des trentenaires passionnés, curieux, acheteurs ou simples promeneurs, on les voyait déjà. Cette édition consacre l’arrivée (massive) d’un nouveau public : les 18-25. Jamais je n’avais vu autant de gamins nés au tournant du siècle venir à Rétromobile. L’ouverture dont a déjà fait preuve le salon par le passé vers les « Influenceurs » et notamment les créateurs de contenus, souvent jeunes, porte ses fruits. On vient à Rétromobile quand on aime la voiture, au sens large. Peu importe son âge.
Il s’agit d’une excellente nouvelle qui dessine un avenir serein. Des exemples de ce rajeunissement du public ? Sur le stand de l’Atelier des Coteaux, Marie-Christine et Oscar Lefebvre ont décidé de mettre en avant Jaguar (notamment) et de belles créations d’outre-manche avec une superbe sélection de modèles. Mais, trônant ingénieusement au milieu de toutes les anglaises, c’est une BMW 2002 Turbo qui fait tourner les têtes.
Notamment celles des jeunes, qui y voient l’ancêtre des M3, et sont séduits. L’offre de véhicules à moins de 25 000 € sert aussi d’appel vers les plus jeunes. Tout comme les nombreux modèles Youngtimers ça et là.
Le rétrofit, ouverture vers le futur de l’automobile classique
Le Mondial de l’Automobile de Paris a basculé dans l’électrique lors de sa dernière édition, s’attirant de nombreuses critiques avec une offre de constructeurs assez réduite. A Rétromobile, dans un salon dédié à tout ce qui a un moteur, qui sent et qui fait du bruit, ce futur est occulté ? Pas du tout. Le rétrofit a fait une entrée remarquée sur le salon, via Renault notamment, qui y présentait pour la toute première fois son offre de conversion pour ses 4L, R5 et Twingo. Une présentation confidentielle ? Non, c’est tout le contraire même.
La marque au losange a fait un effort de mise en valeur de plusieurs modèles convertis à l’électrique, et c’est d’ailleurs pour le constructeur un enjeu fort. Entre préservation du parc ancien, valorisation de modèles classiques et nécessaire transition écologique, on voit ici l’approche que d’autres marques adopteront à l’avenir à Rétromobile.
A sa manière, Volkswagen aussi montre son électrification et présente notamment son ID. Buzz, très bien accueilli.
Des voitures électriques, iconiques (avec le concept 3E) ou plus modiques (avec les 4L et R5 converties), c’est un bel équilibre que propose Renault. Car la passion est palpable, peu importe ce qui fait se mouvoir une voiture ! Le nombre de personnes qui s’arrêtent pour photographier la Twingo électrique montre que l’attente est réelle. Le marché est là, l’offre reste encore à affiner.
Les 24 Heures du Mans, la course vedette de Rétromobile 2023
Année de centenaire oblige, Le Mans est la course la plus mise en avant sur cette édition 2023. Le salon accueille notamment deux expositions sur les 24 Heures du Mans. Mais, au-delà des célébrations officielles – avec le trophée qui sera remis en juin exposé ici – ce sont aussi les vendeurs et collectionneurs qui ont misé sur les 24 Heures du Mans. On devine qu’en coulisses, on a glissé le mot et incité à mettre le paquet sur la plus grande course d’endurance. Alors, quand on se lance à faire le tour des grandes maisons de l’achat/vente de voitures de course ou classiques, le spectacle est permanent.
Chez Art&Revs, Florent Moulin présente une Audi R10, une Audi R18, une Jaguar XJR 14 ou encore des trésors des années GT avec une Viper GTS-R de 2002 et une Corvette C5-R !
Chez Ascott Collection, qui expose depuis des années déjà des voitures d’endurance et affirme son positionnement de spécialiste de la discipline, on retrouve une Aston Martin DBRS9, une Nissan Group C ou encore une Riley & Scott MKIIIC de 2003. A côté de la LMP 900, une Lola B98/10 de l’édition 1999 des 24 Heures du Mans est là ! Deux prototypes ouverts rares !
Girardo & Co propose un stand 100% Ferrari, avec une brochette de berlinettes V8 vues au Mans, de la F430 à la 458 Italia. Une 550 Maranello Prodrive est aussi exposée, le début des années 2000 continue de faire vibrer.
Gregor Fiskens a lui misé sur une 917K livrée Gulf. Pas n’importe laquelle, la voiture vue dans le film Le Mans de Steve McQueen. Oui, celle vue à l’écran, joliment mise en valeur avec à quelques pas une DBR9 (châssis 101) ou encore la Porsche 956 châssis 001.
La toute première Group C de l’histoire de Porsche, voiture de développement engagée dès les 6 Heures Silverstone 1982, est un morceau d’histoire !
JMB Classic a placé sur son stand une Corvette C5-R (en configuration Le Mans), une Panoz GTR-1 vierge de toute décoration qui attire l’oeil, une Saleen S7R ex Vitaphone et enfin une Toyota GT-One de 1999.
De l’inédit et de la surprise à chaque recoin
Rétromobile a toujours son pouvoir de surprise. A chaque recoin, au croisement de chaque allée, le primo-visiteur découvre, s’émerveille. Et même pour les visiteurs habitués – je compte personnellement une dizaine d’édition dans les pattes – l’étonnement est permanent. Avec la Porsche 356 du Team Valkyrie équipée d’un kit neige afin d’affronter les conditions extrêmes.
Avec l’Acura LMP1 ex Gil de Ferran, Simon Pagneaud et Scott Dixon chez Fiskens. Avec la Lamborghini Murciélago R-GT de 2009, exposée chez Geoffroy Peter. Avec la nouvelle Porsche 911 Dakar qui met en avant la fougue automobile, l’envie de sortir des sentiers battus.
L’inédit est aussi là avec les boutiques de pièces détachées, de miniatures et d’objets « automobilia ». On trouve de tout ou presque, des trésors sortis de granges (littéralement) comme des livres inédits, des posters, des maquettes. On se surprend à regarder tout cet univers, qui déborde au-delà des voitures et touche notamment l’aéronautique, la moto, etc.
Rétromobile est de retour. Longue vie Rétromobile !
Crédit photo : Geoffroy Barre