Gabriel Voisin, d’abord engagé comme dessinateur chez un architecte parisien en 1898 rejoint ensuite en 1903, Ernest Archdéacon, l’un des pionniers et mécènes de l’aéronautique alors balbutiante.
Il s’associa avec Louis Blériot en 1906 et établit la première entreprise aéronautique française, à Boulogne-Billancourt. Associé au pilote Henri Farman, il remporta le prix Deutsch de la Meurthe Archdéacon en janvier 1908, prix récompensant le premier kilomètre effectué en vol en circuit fermé. Plus tard, Gabriel Voisin sera même le premier à présenter au Ministère de la Guerre un avion entièrement métallique. De cette avion, construit à près de 8 000 exemplaires (et utilisé notamment par l’Angleterre, l’Italie et la Russie), Voisin fit fortune et décida de changer de domaine en 1918, pour se tourner vers ce qui nous intéresse aujourd’hui… l’automobile !
Il présente son premier modèle, l’Avions Voisin M1, « la nouvelle voiture de luxe française » mue par un quatre cylindres type Knight sans soupapes qui connut un succès très rapide, à partir de 1919. D’autres modèles suivront, dont la remplacante de la M1, la C1, puis la C3 à vocation sportive et la C4 en entrée de gamme.
Mais l’oeuvre de Voisin fut une 17 CV à carrosserie aérodynamique peinte en rouge et blanc baptisée « Aérodyne » et dessinée par l’architecte Noël Noël, véritable révolution consacrant le style fonctionnel cher à Gabriel Voisin, ami des architectes d’avant-garde que furent Le Corbusier, Mallet-Stevens ou Pingusson, eux-mêmes fervents « supporters » de la marque. Ce modèle fut présenté à l’occasion du salon de l’automobile de Paris en 1934.
Avec son coffre arrière intégré à la ligne « streamline » alors très en vogue, et son toit ouvrant à hublots dont l’ouverture était commandée par un moteur à dépression situé dans le coffre, avec prise sur le collecteur d’admission, l’Aérodyne ne passe pas inaperçue. L’Aérodyne C25 est même, clairement, une auto haut de gamme censée concurrencer la Bugatti 57 Galibier. Trop novatrice, trop déconcertante, l’Aérodyne ne s’imposera jamais, et sera produite à seulement 28 exemplaires, dont 7 avec pavillon coulissant.
Différente, étonnante, voire dérangeante pour certains observateurs de l’époque, l’Aérodyne connaîtra une carrière éphémère, puisque remplacée dès l’automne 1935 par un nouvel modèle plus conventionnel, la « Clairière », intégrant une glace de custode verticale « cassant » la ligne fastback de sa devancière, et ne disposant plus d’un toit mobile sur les seules places avant.
L’Aérodyne était vendue, à l’époque, 80.000 francs, à comparer aux 70 000 francs demandés chez Bugatti pour l’achat d’une 57 Galibier ou encore aux 22 000 francs nécessaires à l’acquisition de la toute récente berline Citroën Traction 11 légère…
Un des 5 exemplaires existant encore aujourd’hui a été vendu par ArtCurial, lors de la vente du 14 février. Vendue pour la somme de 533,388 €, cette C25 Aérodyne est une voiture rare… ouvrez grand les yeux si vous avez la chance de la croiser !
Rappelons qu’en 2006, la marque Voisin fit l’objet d’une rétrospective lors du Concours d’Élégance de Pebble Beach. C’est dire l’importance historique de ces voitures.
La voiture présentée est une Avion Voisin C25 dite Aérodyne de par sa carrosserie. Elle porte le numéro de châssis 50014.
Elle fut achetée par le grand-père de l’actuel propriétaire le 30 juillet 1952 à Édouard Vaillant Automobiles à Levallois. C’était une 2ème ou 3ème main. Entre sa sortie d’usine et 1952 elle avait appartenu au comte Michel de Beauregard à Paris où elle était immatriculée 8063 RQ7.
Elle est restée depuis 1952 dans la même famille qui sut la conserver dans son état exceptionnel d’origine tant intérieur qu’extérieur et en parfait état de marche.
Il faut leur rendre hommage de ne pas avoir succombé à la tentation d’une restauration qui l’aurait dénaturée.
Elle a cependant été bien suivie en mécanique, son moteur a été refait et son fonctionnement est doux, onctueux et silencieux, qualités essentielles pour Gabriel Voisin.
C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que nous présentons cette année, une Avions Voisin Aérodyne qui n’aurait été construite qu’à 7 exemplaires dont 5 seraient toujours en vie.