Des images dévoilées en avance sur les forums spécialisés et relayées massivement sur les réseaux sociaux ont permis de découvrir la nouvelle Renault Twingo E‑Tech avant sa présentation officielle prévue ce 5 novembre. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la marque au losange n'a pas cédé aux sirènes du design agressif qui caractérise tant de nouveaux modèles électriques. Bien au contraire : avec ses lignes rondes, son expression joviale et ses proportions compactes, cette citadine électrique assume pleinement son héritage.
Renault semble avoir compris qu'entre la brutalité des SUV anguleux et la neutralité aseptisée de certaines électriques chinoises, il existait une troisième voie : celle de la personnalité assumée, de la simplicité revendiquée et du plaisir automobile accessible. Une philosophie qui avait déjà fait le succès retentissant de la première Twingo en 1993.
Le retour d'une silhouette iconique
Lorsque Patrick Le Quément et son équipe présentèrent la première Twingo au Salon de Paris en 1992, personne n'imaginait que cette petite monovolume deviendrait l'une des voitures françaises les plus emblématiques de la fin du XXe siècle. Avec son unique monogramme central, ses feux ronds expressifs et son architecture monovolume innovante pour l'époque, elle incarnait une vision optimiste de l'automobile urbaine. Cette nouvelle mouture électrique reprend cet ADN avec une fidélité remarquable.

Les feux LED adoptent une forme en fer à cheval qui confère à la voiture une expression presque cartoonesque, renforcée par une calandre minimaliste évoquant une petite bouche souriante. Cette physionomie attachante contraste avec les regards sévères et les calandres béantes qui dominent le paysage automobile contemporain. À l'avant, trois aérations verticales positionnées sur un panneau plastique noir rappellent la disposition de la première génération, tout en raccourcissant visuellement le capot. Un détail esthétique qui témoigne d'un véritable travail de recherche stylistique, bien au-delà d'un simple exercice rétro.

Les jantes à trois branches apportent une touche d'originalité bienvenue, évoquant certaines créations des années 2000 tout en affichant une modernité certaine. À l'arrière, la grande lunette bombée et la signature lumineuse identique à celle de la face avant confirment cette approche cohérente. Les proportions restent compactes : 3,79 m de longueur, soit une dimension proche de celle de la Twingo originale, mais avec quatre portes cette fois – une évolution logique pour répondre aux usages contemporains. Les pare-chocs intègrent des éléments verticaux qui ne sont pas sans rappeler ceux de la nouvelle Renault 4 électrique, créant ainsi une véritable cohérence visuelle dans la gamme électrique du constructeur.
Une fiche technique pensée pour l'essentiel
Sous ses airs résolument rétro-futuristes, la Twingo E‑Tech repose sur la plateforme AmpR Small, qu'elle partage avec ses grandes sœurs, la Renault 5 E‑Tech et la future Renault 4 E‑Tech. Cette mutualisation technique permet de réduire considérablement les coûts de développement tout en bénéficiant d'une base éprouvée. Mais contrairement à la R5 qui vise une clientèle plus exigeante en termes de performances et d'autonomie, la Twingo adopte une philosophie de sobriété assumée.
La motorisation s'articule autour d'un bloc électrique de 60 kW, soit 82 chevaux, délivrant un couple de 175 Nm. Des chiffres modestes en apparence, mais parfaitement cohérents avec la vocation urbaine et périurbaine du modèle. Ce n'est pas la puissance brute qui fait l'attrait d'une citadine, mais sa vivacité, sa maniabilité et son agrément au quotidien – des qualités que le couple instantané d'un moteur électrique peut magnifier.

Cette mécanique est alimentée par une batterie LFP (lithium-fer-phosphate) d'une capacité de 27,5 kWh. Ce choix technologique, moins coûteux que les batteries lithium-ion classiques à base de nickel-manganèse-cobalt, permet d'atteindre l'objectif tarifaire ambitieux fixé par le constructeur. L'autonomie annoncée se situe autour de 260 km selon le cycle WLTP – un chiffre qui peut sembler limité à première vue, mais qui correspond en réalité à l'usage réel d'une immense majorité d'automobilistes français. Rappelons que le trajet quotidien moyen en France n'excède pas 30 km : avec une telle autonomie, la Twingo peut assurer une semaine complète de déplacements sans recharge.
Le coffre affiche un volume de 360 litres, une capacité correcte pour une citadine de ce gabarit, d'autant que l'absence de transmission mécanique permet généralement d'optimiser l'espace disponible. Renault a visiblement privilégié la rationalité à l'ostentation, préférant offrir une voiture légère, simple d'entretien et suffisante pour son usage premier, plutôt qu'une citadine survitaminée et inutilement complexe.
Un intérieur ludique et pratique
Pénétrer dans une Twingo a toujours été une expérience particulière. La première génération se distinguait par son tableau de bord central pivotant et ses sièges arrière coulissants – innovations remarquables pour l'époque. Cette nouvelle mouture électrique renoue avec cet esprit d'ingéniosité pratique.

Le tableau de bord intègre deux écrans de taille généreuse, accompagnés d'une rangée de molettes physiques pour la climatisation – un choix ergonomique intelligent qui préserve l'accès tactile direct aux fonctions essentielles, sans passer par d'interminables menus numériques. Le gros bouton de warning, clin d'œil assumé à la Twingo originelle, trône au centre de la planche de bord. Ces détails peuvent paraître anodins, mais ils témoignent d'une vraie réflexion sur l'expérience utilisateur.

L'élément le plus marquant reste ce panneau jaune vif qui égaye un habitacle sinon dominé par le plastique noir. Cette touche de couleur assumée distingue la Twingo de ses concurrentes souvent plus sages dans leurs choix chromatiques. Les sièges arrière individuels coulissants font leur retour, permettant d'ajuster l'espace entre passagers et coffre selon les besoins – un héritage direct de la philosophie modulable qui caractérisait déjà les Twingo de première et deuxième générations.

Les matériaux restent simples, sans prétention premium excessive, mais soignés dans leur assemblage. Cette approche sans fioriture correspond parfaitement à la cible visée : une clientèle jeune, urbaine, sensible au design et à l'écologie, mais qui ne souhaite pas investir dans une voiture aux finitions de luxe inutiles pour l'usage quotidien.
Un positionnement tarifaire audacieux
C'est sans doute sur le terrain du prix que la Twingo E‑Tech pourrait créer la surprise la plus retentissante. Renault annonce un tarif d'appel inférieur à 20 000 €, avant déduction des bonus écologiques et autres aides à l'achat. Avec les dispositifs gouvernementaux actuels, le prix pourrait descendre autour de 15 000 € pour certains acheteurs éligibles aux primes les plus importantes. Un positionnement particulièrement agressif qui place la Twingo légèrement au-dessus de la Dacia Spring, mais bien en dessous de la plupart des citadines électriques actuellement disponibles.

Cette stratégie tarifaire n'est pas le fruit du hasard. Luca de Meo, patron de Renault, avait promis de passer du concept à la production en seulement deux ans, égalant ainsi la rapidité des constructeurs chinois. Un pari qui semble en passe d'être tenu, avec une commercialisation prévue courant 2026. Pour atteindre cet objectif de prix, Renault a multiplié les choix rationnels : plateforme partagée avec d'autres modèles du groupe, batterie LFP moins onéreuse, conception technique simplifiée par rapport à la R5 E‑Tech, assemblage confié à l'usine de Novo Mesto en Slovénie où sont déjà produites d'autres citadines du groupe.
Le constructeur propose d'ores et déjà un « Twingo R Pass » garantissant une priorité de commande – une stratégie de pré-réservation inspirée des pratiques de Tesla, qui témoigne de l'évolution des méthodes commerciales dans l'univers de la voiture électrique. Cette approche permet également à Renault de mesurer précisément l'engouement du public avant le lancement effectif, minimisant ainsi les risques industriels.

