Toyota vient de lever le voile sur son nouveau Land Cruiser FJ, un modèle qui fait vibrer la corde sensible des passionnés de tout-terrain en puisant dans l'ADN mythique de la série 40. Présenté comme le petit frère du Land Cruiser 250, ce nouveau venu arbore fièrement les codes esthétiques qui ont forgé la réputation de la lignée depuis 1960. Avec ses 4,57 mètres de longueur et son design résolument cubique, il incarne une philosophie baptisée « Freedom & Joy » – d'où l'acronyme FJ qui rappelle aussi le regretté FJ Cruiser des années 2000. Mais voilà, cette renaissance tant attendue du format compact dans la gamme Land Cruiser se fera sans nous : Toyota a d'ores et déjà annoncé que ce modèle Compact Cruiser ne franchirait pas les frontières européennes.
Une architecture pensée pour l'accessibilité et la robustesse
Le Land Cruiser FJ ne se contente pas d'être une simple réduction du Land Cruiser 250. Toyota a fait le choix stratégique de bâtir ce modèle sur la plateforme IMV-0, une architecture à châssis échelle déjà éprouvée sur le Hilux Champ commercialisé en Asie du Sud-Est. Cette plateforme permet au constructeur de proposer un véhicule plus économique et plus rationnel, tout en conservant les fondamentaux du tout-terrain authentique.

Cette décision technique marque une volonté claire de Toyota de démocratiser l'accès à un véritable 4×4, dans un contexte où les SUV de loisir ont progressivement remplacé les baroudeurs purs et durs. C'est d'ailleurs cette même philosophie qui avait présidé au développement du Land Cruiser série 70, toujours produit dans certains marchés émergents et vénéré pour son indestructibilité.
Le choix de cette architecture traditionnelle plutôt que la moderne TNGA-F du Land Cruiser 250 témoigne aussi d'une certaine humilité technique : pourquoi réinventer la roue quand on dispose déjà d'une base éprouvée depuis des décennies sur les pistes les plus hostiles de la planète ?
Des dimensions étudiées pour exceller hors des sentiers battus
Avec ses 4,57 mètres de longueur, le Land Cruiser FJ se positionne dans un segment où la compacité devient un atout majeur en tout-terrain. La réduction de 27 centimètres de l'empattement par rapport au Land Cruiser 250 n'est pas qu'une simple opération de downsizing : elle répond à une logique de franchissement pure.
Les porte-à-faux avant et arrière réduits au minimum permettent d'optimiser les angles d'attaque et de fuite, éléments cruciaux pour aborder sereinement obstacles rocheux et dévers prononcés. Toyota assure que les capacités de franchissement pourraient égaler, voire surpasser sur certains aspects, celles du Land Cruiser 250.

Cette recherche de l'efficacité en tout-terrain se retrouve aussi dans le choix des pneumatiques. Si Toyota reste discret sur les dimensions exactes, l'observation des images officielles révèle des gommes dépassant les 30 pouces de diamètre ; une taille respectable qui garantit garde au sol généreuse et capacité de franchissement optimale. On est loin des compromis acceptés par certains SUV modernes qui privilégient l'esthétique routière au détriment des capacités réelles.
Deux visages pour une même âme baroudeuse
Toyota a fait le choix audacieux de proposer le Land Cruiser FJ en deux déclinaisons stylistiques distinctes, chacune répondant à une vision différente de l'aventure automobile. La première version adopte une approche plus moderne avec des phares en forme de U couché, signature lumineuse qui fait écho aux dernières créations de la marque tout en conservant une identité propre.
La seconde variante, plus radicale et aventurière, arbore des phares ronds, une structure complète de toit, des pneumatiques spécifiquement orientés off-road, et même un snorkel. Cette version évoque immédiatement les préparations des spécialistes australiens ou sud-africains, ces artisans du tout-terrain extrême qui transforment depuis des décennies les Land Cruiser en machines de guerre capables d'affronter les déserts les plus hostiles.

Cette dualité rappelle la stratégie adoptée par Toyota avec le Land Cruiser série 250 et sa First Edition aux phares ronds, clin d'œil appuyé au BJ de 1951. Mais là où le grand frère joue la carte de l'édition limitée exclusive, le FJ assume pleinement cette diversité stylistique dans sa gamme régulière, offrant à chaque client la possibilité de choisir son niveau d'engagement visuel dans l'univers du franchissement.
Les designers de Toyota ont puisé leur inspiration dans l'histoire glorieuse de la marque, particulièrement dans la série 40 qui reste, pour beaucoup, l'incarnation ultime du Land Cruiser. Koji Inoue, l'un des designers du projet, explique avoir voulu permettre aux clients de ressentir à la fois l'héritage et l'authenticité du Land Cruiser. Cette approche se traduit par des lignes franches, des surfaces planes et une verticalité assumée qui tranchent avec les courbes molles de nombreux SUV contemporains.
Lu Yi, autre membre de l'équipe design, confirme cette filiation en évoquant directement l'inspiration tirée du Land Cruiser série 40 pour créer « un crossover moderne et robuste ».
Cette approche fait écho à celle adoptée par d'autres constructeurs qui ont su moderniser leurs icônes sans les dénaturer. On pense au Jeep Wrangler, au Mercedes Classe G ou plus récemment à l'Ineos Grenadier, tous restés fidèles à leurs racines tout en intégrant les technologies modernes. Le Land Cruiser FJ s'inscrit dans cette lignée, prouvant qu'il est possible de concilier nostalgie et modernité sans tomber dans le pastiche.
Une mécanique éprouvée au service de l'aventure
Sous le capot, on trouve un quatre-cylindres essence de 2,7 litres développant 163 chevaux et 246 Nm de couple. Si ces chiffres peuvent paraître modestes à l'heure où le moindre SUV urbain revendique 200 chevaux, ils prennent tout leur sens dans le contexte d'utilisation du véhicule. Cette mécanique est associée à une boîte automatique et dispose d'une transmission intégrale connectable avec réductora.
Ce choix de motorisation témoigne d'une approche pragmatique : en tout-terrain, la fiabilité et le couple à bas régime importent plus que la puissance pure. Le moteur 2.7 fait partie de ces mécaniques increvables qui ont construit la réputation de Toyota dans les contrées les plus reculées du globe. C'est ce même esprit qui anime encore aujourd'hui le Land Cruiser série 70, toujours commercialisé dans certains pays avec des motorisations simples mais indestructibles.
L'absence européenne, symptôme d'un marché en mutation
La décision de Toyota de ne pas commercialiser le Land Cruiser FJ en Europe et aux États-Unis révèle les contradictions d'un marché tiraillé entre désir d'aventure et réalités réglementaires. En Europe, les normes d'émissions toujours plus strictes et la fiscalité punitive sur les véhicules thermiques rendent difficile la commercialisation d'un tel modèle, même avec une cylindrée modeste.

Cette situation illustre parfaitement le paradoxe actuel : alors que la demande pour des véhicules authentiquement capables n'a jamais été aussi forte – en témoigne le succès du nouveau Defender ou de l'Ineos Grenadier –, les contraintes réglementaires limitent drastiquement l'offre disponible. Toyota a choisi de concentrer ses efforts sur des marchés où le Land Cruiser FJ pourra s'épanouir sans entraves, notamment l'Asie-Pacifique, l'Amérique du Sud et potentiellement le Moyen-Orient.

