Mercedes vient de dévoiler une série ultra-limitée de son célèbre tout-terrain Classe G, baptisée "Stronger Than the 1980", qui rend un hommage appuyé aux origines rustiques du "Geländewagen".
Un retour aux sources esthétique
Le "G" actuel, bien que conservant l'ADN visuel de son ancêtre, s'est considérablement embourgeoisé au fil des décennies. Cette série spéciale entreprend un voyage dans le temps pour retrouver l'essence du Type 460 originel de 1979, véritable outil professionnel avant de devenir l'emblème des beaux quartiers qu'il est aujourd'hui.
La métamorphose s'opère d'abord par trois teintes de carrosserie directement issues du nuancier d'époque : un vert Agave profond, un blanc cassé élégant ou un beige Colorado terreux. Ces couleurs évoquent immédiatement l'époque où le Classe G était davantage présent sur les théâtres d'opérations militaires que dans les rues de Monaco. Oui, c'était avant.
Les éléments stylistiques caractéristiques des premiers "G" font leur grand retour : calandre en plastique noir mat, protections de passages de roues non peintes, clignotants oranges et boucliers sans fioritures. Les jantes de 18 pouces — dimension qui paraît presque anachronique à l'heure où le segment premium privilégie des diamètres bien plus généreux — sont chaussées de pneumatiques Falken spécifiquement développés pour le tout-terrain.
Pour parfaire cette apparence d'authentique baroudeur, Mercedes propose en accessoires une galerie de toit imposante, une échelle arrière pratique et des grilles de protection pour les optiques avant. Un clin d'œil discret au massif du Schöckl, le terrain d'essai autrichien où chaque Classe G doit prouver ses capacités depuis 1979, orne même le montant central.
Une mécanique moderne sous des atours vintage
Ne nous y trompons pas : si l'habit fait le moine, le châssis et la motorisation restent résolument contemporains. Cette édition limitée repose exclusivement sur la version G 500 (commercialisée G 550 sur certains marchés), dotée du six cylindres en ligne 3.0 litres turbocompressé développant 449 chevaux, associé à une micro-hybridation 48V.
À l'intérieur, quelques concessions au rétro sont perceptibles, notamment avec une sellerie à carreaux gris tourterelle rappelant les années 1980, mais l'ensemble demeure ancré dans la modernité. La planche de bord accueille le désormais incontournable système MBUX à double écran, les matériaux sont nobles et les technologies d'aide à la conduite nombreuses. Le confort n'a plus rien à voir avec la spartiateté du modèle originel, qui était davantage pensé pour transporter des troupes que pour offrir une expérience luxueuse.
Ce mariage entre apparence vintage et technologie moderne n'est pas sans rappeler la démarche entreprise par Porsche avec ses modèles Heritage Design, bien que dans un registre très différent. Il témoigne d'une tendance profonde de l'industrie automobile premium à cultiver son patrimoine tout en répondant aux exigences contemporaines.
Une exclusivité calculée
La production du Classe G "Stronger Than the 1980" sera limitée à 460 exemplaires dans le monde, chiffre qui n'a rien d'anodin puisqu'il fait référence à la désignation interne "Type 460" du modèle originel. Chaque véhicule arborera sur sa console centrale le numéro de la série limitée, ultime gage d'exclusivité.
En France, si cette édition spéciale venait à être commercialisée, son prix dépasserait vraisemblablement les 171 701 € du G 500 standard, auxquels s'ajouteraient les 70 000 € du malus écologique maximal. Une somme considérable qui positionne ce véhicule dans une sphère très privilégiée.
L'ironie de ce Classe G réside précisément dans cette dualité : bien qu'habillé pour affronter les terrains les plus hostiles, avec ses trois blocages de différentiels et sa garde au sol généreuse, combien d'exemplaires verront réellement de la boue ? Cette question taraudait déjà Ferdinand Porsche lorsqu'il constatait que ses créations tout-terrain étaient de plus en plus utilisées sur asphalte.
