Le Tonale d'Alfa Romeo s'offre une cure de jouvence qui marque un tournant dans l'histoire stylistique de la marque milanaise. Lancé en juin 2022 dans un contexte difficile pour le constructeur italien, ce SUV compact n'a pas rencontré le succès escompté avec seulement 100 000 exemplaires écoulés en deux ans et demi. Ce restylage, prévu pour 2026, représente bien plus qu'une simple mise à jour esthétique : il incarne la volonté d'Alfa Romeo de retrouver sa gloire des années 1990-2000. Les modifications techniques et stylistiques témoignent d'une stratégie réfléchie pour corriger les défauts qui ont freiné les ventes initiales.
La plaque recentrée : adieu à sept décennies de tradition
L'abandon de la plaque minéralogique déportée sur le côté gauche de la calandre constitue la modification la plus symbolique de ce restylage. Cette disposition asymétrique, inaugurée en 1955 sur la sublime Giulietta Spider de Bertone, était devenue l'une des signatures visuelles les plus reconnaissables d'Alfa Romeo. Si certains modèles y font exception, le Tonale premier du nom suivait cette tradition. Ce ne sera donc plus le cas.

Alejandro Mesonero-Romanos, directeur du design d'Alfa Romeo, justifie cette décision non par un choix stylistique mais par les contraintes réglementaires européennes : « Avec les nouvelles régulations européennes, nous avons dû déplacer les plaques d'immatriculation car elles ne peuvent plus être inclinées à plus de 15° sur une courbe unique », explique Estelle Tabaczek, designer extérieur. Cette contrainte technique, liée aux normes de protection des piétons, a finalement permis aux designers de « rééquilibrer les proportions et d'ajouter une horizontalité plus marquée à l'ensemble de la forme ».
Le repositionnement central de la plaque s'accompagne de l'apparition d'ouïes latérales de part et d'autre de la calandre. Ce détail stylistique n'est pas anodin : il fait écho aux prestigieuses Alfa Romeo 6C 2500 SS Spider de la fin des années 1930, mais aussi à la plus récente 156 GTA, cette berline sportive qui fit vibrer les alfisti au début des années 2000 avec son V6 Busso de 250 chevaux.
Des ajustements techniques pour corriger les défauts de jeunesse
Le Tonale original souffrait d'un péché originel : une intégration perfectible entre le système hybride et le moteur thermique, générant des à-coups désagréables et des réactions de châssis imprévisibles. Ces défauts avaient provoqué la colère des dirigeants d'Alfa Romeo, qui s'attendaient à un comportement dynamique à la hauteur de l'héritage sportif de la marque, particulièrement après avoir confié le développement à l'équipe responsable de la féroce Giulia GTAm.
Le restylage apporte une réponse technique avec l'élargissement de la voie avant d'environ un centimètre. Cette modification, apparemment mineure, améliore sensiblement la stabilité en virage et l'adhérence. Les roues, désormais mieux positionnées dans les passages de roue, confèrent au véhicule une assise visuelle plus affirmée. L'intégration entre les systèmes hybride et thermique a été retravaillée pour éliminer les saccades qui ternissaient l'expérience de conduite.

La gamme de motorisations reste inchangée : le diesel de 130 chevaux survit, accompagné du mild-hybrid essence de 175 chevaux et du full hybrid de 280 chevaux. Ce dernier, capable d'abattre le 0 à 100 km/h en 6,2 secondes, égale les performances de la mythique 147 GTA d'il y a vingt-cinq ans. Mais là où la compacte sportive faisait hurler son V6 Busso jusqu'à 6 200 tr/min, le Tonale reste désespérément silencieux, victime des normes antibruit actuelles.
Une montée en gamme pour séduire l'Europe premium
La stratégie d'Alfa Romeo avec ce Tonale restylé s'inscrit dans une volonté de reconquête du marché européen. Alors que les Giulia et Stelvio visaient prioritairement le marché américain – leur production vient d'ailleurs d'être prolongée jusqu'en 2027 – le Tonale se veut plus proche des attentes européennes avec ses motorisations électrifiées et son format compact.
La gamme s'articule autour de trois finitions principales.
- La version de base reçoit des jantes 17 pouces Aerodinamico et une sellerie tissu noir.
- La Ti ajoute les entourages de vitres noir brillant et les palettes au volant en aluminium.
- Au sommet, la Veloce se distingue par ses jantes 19 pouces Stile, ses phares LED Matrix et ses étriers de frein Brembo rouges.
Une série limitée Sport Speciale, basée sur la Veloce, propose une ambiance intérieure exclusive en Alcantara noir et blanc.
L'habitacle témoigne d'un net progrès qualitatif par rapport aux productions italiennes récentes du groupe Stellantis. Les commandes physiques, qui évoquent la 164 des années 1990, côtoient un écran tactile bien intégré et facile d'utilisation. Les palettes en aluminium procurent un toucher premium, même si le sélecteur rotatif de boîte aurait mérité le même traitement métallique.
Le défi de renouer avec les succès populaires
Le Tonale restylé arrive à un moment critique pour Alfa Romeo. Les ventes du petit Junior électrique montrent des signes encourageants avec une progression de 35 % en Europe, mais le constructeur reste loin de ses volumes glorieux du début des années 2000. L'époque où la 156, avec ses Twin Spark hurleurs et son train arrière directeur passif semble révolue.
Le pari du Tonale restylé consiste à offrir une alternative plus dynamique que la concurrence dans le segment des SUV compacts premium. Face au Volvo XC40, au BMW X1 ou à l'Audi Q3, l'italien mise sur son tempérament latin et sa direction, annoncée comme la plus directe de sa catégorie. Les suspensions pilotées Dual Stage Valve de la version Veloce promettent un compromis efficace entre confort et dynamisme.

