20 ans après sa pole position aux 24 Heures du Mans 1990, Mark Blundell revient sur son tour chrono immortalisée en vidéo, qui restera dans sa mémoire pour toujours.
Nissan était présent au Mans depuis 1989, et la course ne s’était pas déroulée comme prévu. Certes, Nissan était un des premiers constructeur à introduire les freins carbone, mais la voiture ne resta pas en piste assez longtemps… Pour 1990, Nissan se présente au mans avec une voiture qui ressemble plus à une voiture taillée pour les qualifications, que pour un effort de 24 Heures. Sous le capot, un twin-turbo V8 baptisé R90CK qui pose beaucoup de soucis à l’équipe… « Nous n’arrivions pas à le faire fonctionner correctement, et nous ne pouvions pas faire assez de tours en piste pour connaitre les bons pneus à utiliser, combien de temps ils allaient pouvoir durer » raconte Mark Blundell. Le moteur n’est pas encore maitrisé, si bien que les pilotes ont pour consigne de le ménager, et de ne surtout pas attaquer pied au plancher.
Nissan, conscient de cette difficulté, souhaite tout de même sauver la face… Il faut faire un tour rapide et bien placer la voiture sur la grille de départ. Mark Blundell part en piste, équipé de pneus durs, tranquillement. Les ingénieurs n’ayant aucune idée du comportement de pneus tendres, on préfère alors une stratégie plus conservatrice. Dès les premiers tours de roues, Blundell se sent en confiance, avec beaucoup de puissance disponible. Dans son tour de lancement, Blundell fait monter la température, augmente la puissance… avant qu’on lui ordonne, par la radio, de rentrer, car le moteur est en surcharge. Blundell a lui une bonne impression au volant, et ne tient pas compte de cet ordre. Il attaque la ligne droite des stands à fond, et se lance pour un tour chrono, contre l’avis de son équipe. La puissance disponible est énorme, Blundell contrôle la Nissan avec difficulté au Dunlop et manque de la perdre juste avant le passage sous la passerelle. Blundell se concentre et prend le circuit, virage après virage. Les sensations manquent au pilote, qui n’arrive pas à sentir son accélération, sa vitesse… les points de freinage ne sont en rien comparables à ceux rencontrés jusqu’à lors, car Blundell atteint des vitesses jamais vues avec la Nissan. 366 km/h dans les Hunaudières, même avec les deux chicanes, Blundell fait corps avec la machine, et sent qu’à chaque instant, il est proche de l’accident.
Après vair franchi la ligne, Blundell retranche sa radio. « Les gars aux stands étaient énervés, mais aussi heureux car ils savaient que nous étions en pole position. Je pense qu’à partir de la moitié du tour, tout le monde était avec moi ! Si nous avions eu une meilleure connaissance de la voiture et des pneus tendres, ce n’est pas de 6 secondes que nous aurions décroché la pole, mais de 8 ou 9 » explique Blundell.
Source : Evo Juin 2011 (n°157)
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