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Tour de Corse Historique 2025 : 429 voitures pour une édition XXL qui pulvérise tous les records

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L'île de Beauté n'avait jamais vibré aussi fort au rythme des mécaniques d'époque. Pour ses 25 ans, le Tour de Corse Historique a frappé un grand coup en réunissant un plateau record qui confirme son statut de rendez-vous incontournable du rallye historique européen.

texte Geoffroy Barre

Depuis un quart de siècle, le Tour de Corse Historique prolonge fidèlement l'esprit d'aventure de l'épreuve que les anciens surnommaient « le Rallye des 10 000 virages ». Du 5 au 10 octobre 2025, les petites routes insulaires ont accueilli une armada de 429 véhicules venus défier les spéciales corses dans une ambiance de fête populaire. Ce chiffre constitue un record absolu pour l'épreuve organisée par Marie-Ange Dini et José Andreani, dépassant largement les éditions précédentes. La formule séduit manifestement : cinq jours de compétition, 22 épreuves spéciales chronométrées pour 398 kilomètres de bagarre, le tout dans une boucle de 1 000 km autour de Calvi.

Trois disciplines cohabitent harmonieusement : 251 engagés en VHC (Véhicules Historiques de Compétition), 169 en Régularité et 9 en Légendes. Cette diversité fait toute la richesse de l'événement corse, où l'on croise aussi bien des pointures du rallye historique que des amateurs passionnés venus savourer les paysages corses au volant de leurs mécaniques de collection. L'édition 2025 restera également dans les mémoires pour une raison inattendue : la présence remarquée de la toute nouvelle Renault 5 Turbo 3E, venue effectuer ses premiers tours de roue en public sur les terres qui ont forgé la légende de ses ancêtres thermiques.

Une domination bavaroise orchestrée par Olivier Capanaccia

En VHC, la catégorie reine où s'affrontent les pilotes les plus affûtés, les BMW M3 E30 ont écrit une nouvelle page de l'histoire du Tour de Corse Historique. Olivier Capanaccia et son copilote Mathieu Tyran ont décroché la victoire au terme d'une semaine maîtrisée, avec une lutte dingue face à Bertrand Fassio et Jean-François de Montredon. Le pilote corse, parfaitement à l'aise sur ses routes, a construit son succès sur un travail minutieux de préparation et une gestion intelligente de la course.

Julien Saunier, vainqueur en 2024, venait cette année avec cette superbe R5 Maxi Turbo

« Nous avons changé beaucoup de réglages depuis la fin de la 3e étape. On a joué avec l'hydraulique, les barres antiroulis, pas mal d'interventions sur le châssis », expliquait Olivier Capanaccia dans les colonnes de Corse Matin. Cette capacité à faire évoluer sa machine au fil des étapes s'est révélée déterminante face à une concurrence féroce. Le rythme imposé par le local de l'étape était soutenu : « En fait, depuis le début je suis en attaque, mais je ne suis pas très à l'aise. En tout cas, il y a un rythme de fou devant. C'est qu'il faut suivre Bertrand ! On va essayer de grappiller des secondes. Pour moi, ça va se jouer à la fin, il faudra tout donner jusqu'au bout. »

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Richard Doux et Antoine Paque, dans le peloton des nombreuses M3 de cette édition 2025

La fortune a finalement souri à Capanaccia devant la fameuse église de La Porta, monument emblématique du patrimoine corse. Bertrand Fassio, son principal rival au volant d'une Porsche 911 SC, y commettait une erreur. « Sur un freinage, on glisse très lentement, pas suffisamment pour ressortir. Nous sommes montés sur le talus, mais ce n'est que de la taule. Ça arrive, car on ne roule pas le coude à la portière », confiait Fassio, dépité. Sans ce contretemps mécanique, le duel entre la bavaroise et la native de Stuttgart aurait sans doute tenu en haleine les spectateurs jusqu'au bout. Derrière le vainqueur, le podium VHC s'est paré d'une couleur dominante : quatre autres BMW M3 E30 ont complété le top 5 avec les équipages Valliccioni-Hochet, Trojani-Vesperini, Mancini-Mancini et Doux-Paque. Cette hégémonie de la sportive munichoise n'a rien d'étonnant : avec son quatre-cylindres atmosphérique développant environ 200 chevaux pour moins de 1 200 kg, la M3 E30 reste une référence en rallye historique. Sa fiabilité éprouvée et son équilibre châssis-moteur en font un choix prisé des pilotes engagés dans les épreuves exigeantes.

Les Belges s'offrent un triplé historique en VHRS

La régularité VHRS célèbre l'art délicat de la navigation au dixième de seconde près. Et sur ce terrain-là, les équipages belges ont brillamment monopolisé le podium dans un mouchoir de poche. Yves Deflandre et Jennifer Hugo, au volant d'une Porsche 911, ont décroché la victoire avec seulement 10 points d'avance sur leurs compatriotes Pierre et Olivier Feligioni, également en Porsche 911. La troisième marche du podium est revenue à Christophe Baillet et Jean-Marc Piret, encore en Porsche 911, à seulement 2 points des deuxièmes. « Jeu, set et match, Belgique ! En dépit d'écarts restés minimalistes, comme le veut la tradition », résume Speed Action TV.

En VHRS, les Porsche étaient à l'aise, ici celle de Jen Muller-Bennerscheidt et Antoine Beinhoff

Cette domination belge ne s'arrête pas au podium : sur les trois équipages en lice pour la gagne, on comptait au total quatre pilotes ou copilotes venus de Belgique. Plus loin au classement, d'autres représentants du plat pays ont brillé, comme Michel Decremer et Aswin Pyck (Opel Ascona, 12e) ou Daniel Reuter et Robert Vandevorst (Porsche 911, 17e). Cette présence massive des équipages belges témoigne de l'attrait du Tour de Corse Historique au-delà des frontières françaises. L'épreuve corse s'est imposée comme un rendez-vous européen majeur, attirant des équipages venus de toute l'Europe pour goûter aux charmes – et aux pièges – des routes insulaires.

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Le Tour de Corse Historique profite d'un décor incroyable, inimitable

La Régularité VHRS exige des qualités bien différentes de la course contre la montre. Il ne s'agit plus d'aller le plus vite possible, mais de respecter scrupuleusement les temps imposés sur chaque secteur chronométré. Cette discipline demande une concentration de tous les instants, une lecture millimétrée du road-book et une complicité parfaite entre pilote et copilote. Les Porsche 911, avec leur mécanique robuste et leur comportement prévisible, se prêtent merveilleusement à cet exercice de précision horlogère.

La Renault 5 Turbo 3E en vedette

L'événement inattendu de cette 25e édition ne s'est pas déroulé dans les spéciales chronométrées, mais lors des démonstrations publiques organisées en marge de la compétition. Renault a choisi le Tour de Corse Historique pour dévoiler au grand public sa nouvelle Renault 5 Turbo 3E, une réinterprétation électrique radicale de l'iconique barquette des années 1980. Les 5 et 6 octobre, sur la place du port de Calvi et dans les spéciales de Notre-Dame de la Serra et Montegrosso, Julien Saunier – vainqueur du Tour de Corse Historique 2024 – a propulsé cette « mini-supercar » électrique sous les yeux ébahis des spectateurs.

Le choix de la Corse pour ces débuts publics n'a rien d'anodin. C'est ici que Jean Ragnotti a construit la légende de la Renault 5 Turbo en dominant le Tour de Corse 1981 au volant de la mythique Maxi 5 Turbo. D'ailleurs, l'un des deux prototypes arborait une livrée rouge, bleu et blanc en hommage direct à la machine de « Jeannot », tandis que le second adoptait une décoration noire, jaune et blanc célébrant le Tour de Corse. Cette filiation assumée entre passé et futur illustre parfaitement la philosophie de cette Turbo 3E : honorer l'héritage tout en repoussant les limites technologiques.

La Turbo 3E, ici sagement rangée dans sa boîte, a profité des routes corses

Les chiffres donnent le tournis : 555 chevaux délivrés par deux moteurs électriques installés dans les roues arrières, un couple colossal de 4 800 Nm, le 0 à 100 km/h abattu en moins de 3,5 secondes, le tout dans une carrosserie en fibre de carbone pesant moins de 100 kg. La batterie de 70 kWh à architecture 800 volts se recharge de 15 à 80 % en seulement 15 minutes grâce à un chargeur intégré de 330 kW. Avec ses dimensions compactes (4,08 m de long pour 2,03 m de large) et son poids total inférieur à 1 450 kg, la Turbo 3E revendique le format « mini-supercar » cher à ses ancêtres thermiques, tout en intégrant les dernières technologies empruntées aux supercars électriques modernes. La production sera limitée à 1 980 exemplaires – en référence à l'année 1980, année de lancement de la première Turbo – au prix de 160 000 € hors options.

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Une édition anniversaire qui marque les esprits

Cette 25e édition restera dans les annales pour plusieurs raisons. D'abord par son format XXL, avec ces 429 voitures au départ – un record qui témoigne de la santé éclatante du rallye historique. Ensuite par la qualité du spectacle offert, avec des batailles homériques dans toutes les catégories. Les conditions météorologiques ont globalement épargné les concurrents, permettant aux mécaniques de collection de s'exprimer pleinement sur des routes sèches et donc plus rapides. Les organisateurs, Marie-Ange Dini et José Andreani, peuvent s'enorgueillir d'avoir franchi un nouveau cap avec cette édition anniversaire. Le succès populaire était également au rendez-vous, avec un public nombreux massé le long des spéciales mythiques comme La Porta, La Serra ou Montegrosso.

Ambiance rallye authentique avec une atmosphère préservée

Le Tour de Corse Historique occupe désormais une place à part dans le calendrier européen du rallye historique. Contrairement à certaines épreuves plus élitistes, l'événement corse maintient un équilibre entre spectacle sportif de haut niveau et convivialité. Les pilotes professionnels côtoient les amateurs éclairés, les monstres de VHC partagent les routes avec des voitures de tourisme historiques plus sages. Cette diversité fait la richesse de l'épreuve et explique son succès grandissant.

Pour les passionnés d'automobiles classiques, le Tour de Corse Historique représente bien plus qu'une simple compétition. C'est un voyage dans le temps, une célébration du patrimoine automobile sur un territoire qui a écrit certaines des plus belles pages du rallye mondial. Voir rugir une BMW M3 E30 dans les lacets corses, admirer la précision d'une Porsche 911 en régularité ou découvrir la technologie futuriste de la Renault 5 Turbo 3E : voilà ce qui fait battre le cœur des amoureux de mécanique.

L'édition 2026 s'annonce déjà sous les meilleurs auspices. Le Tour de Corse Historique a su trouver sa place dans un paysage concurrentiel en misant sur l'authenticité, la diversité des disciplines et le charme incomparable des paysages corses. Vingt-cinq ans après sa création, l'épreuve n'a jamais été aussi vivante et attractive. La relève semble assurée pour perpétuer l'esprit du mythique « Rallye des 10 000 virages » qui, dans sa version historique, a encore de beaux jours devant lui.

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