Salvador Dali et l’automobile : de la Cadillac de Gala au Taxi Pluvieux

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Lorsque l’on évoque Salvador Dali et son oeuvre, ce n’est pas à l’automobile que vous pensez spontanément. Et on le comprend. Pourtant, l’artiste a entretenu une relation particulière au monde de l’automobile.

Lorsque l’on évoque Salvador Dali et son oeuvre, ce n’est pas à l’automobile que vous pensez spontanément. Et on le comprend. Pourtant, l’artiste a entretenu une relation particulière au monde de l’automobile. Au-delà des créations les plus connues du peintre/sculpteur – La persistance de la Mémoire, Cygnes se reflétant en éléphants, Construction molle aux haricots bouillis –  l’image de la voiture occupe une place centrale dans certaines œuvres de Dalí. En voici une illustration.

Dali et l’automobile, une relation forte

« Contrairement à la plupart des surréalistes, Dalí représente très souvent la voiture. Elle apparaît constamment dans son œuvre, dès ses premières toiles » explique sur son site le Théâtre-Musée Dali de Figueres.

Dans la production artistique de Dalí, le thème de l’automobile apparaît pour la première fois dans le tableau « Baigneur » (1924), puis dans l’œuvre « Jeune fille de Figueres » (1926), et enfin dans le tableau « La double victoire de Gaudi » (1982). Dans Jeune fille de Figueres, le logo Ford se détache clairement sur un bâtiment sur la droite du tableau. Une présence vive d’un logo du grand constructeur américain, qui montre le lien que Dali possède avec l’auto… et en particulier les Etats-Unis (lire ci-après).

La sculpture intitulée « Débris d’une automobile donnant naissance à un cheval aveugle qui mord un téléphone » (1988) est une autre illustration de l’intérêt que portait Dali au sujet de l’automobile.

Le Taxi Pluvieux, oeuvre majeure du surréalisme

Tôt dans sa carrière, il a également réalisé l’installation Taxi Pluvieux (1938), présentée pour la première fois à la galerie des Beaux-Arts de Paris, à l’occasion de l’exposition internationale du surréalisme organisée par André Breton et Paul Éluard. On y découvrait deux mannequins à l’intérieur d’un taxi avec de la pluie tombant sur eux. Un chauffeur à tête de requin et une passagère en robe de soirée, assise sur un tas de légumes, étaient arrosés par la pluie tombant à l’intérieur du taxi. Pas n’importe quel taxi !

Le premier Taxi Pluvieux, exposé en 1938 – photo Salvador Dalí Museus / Facebook

Le couple Dali a acheté sa première voiture en 1941. Une Cadillac Série 62 Cabriolet, le choix évident pour le flamboyant et exhibitionniste Salvador Dalí. Le couple est resté fidèle à la marque américaine de voitures de luxe pour le reste de sa vie. Dalí n’a jamais conduit sa propre voiture, il laissait sa femme Gala le conduire.

Mais revenons au fameux Taxi Pluvieux. L’oeuvre fut présentée à plusieurs reprises, en plusieurs variantes. D’abord en 1938 donc, puis en 1939 et 1940 à New-York avant d’être présente – toujours à New-York – pour une rétrospective dédiée au surréalisme au MoMA. Une oeuvre singulière, dont le poète et écrivain André Breton parlait en 1938 en ces mots : « Dans la cour de l’exposition, Dalí avait mis un mannequin et une petite douche dans un vieux taxi. Le premier jour, il pleuvait doucement sur ce mannequin qui représentait une dame allant à l’Opéra. Quinze jours après, la dame était couverte d’escargots ; tout était vaseux comme une muqueuse. Elle était devenue le portrait de Dorian Gray » (à lire dans Entretiens morphologiques, Notebook n° 1 Germana Ferrari).

Taxi Pluvieux au Théâtre-musée Dalí de Figueres – photo Jean-Pierre Dalbéra

Une reconstitution de cette oeuvre du Taxi Pluvieux est exposée au Théâtre-musée Dalí de Figueres (Catalogne, Espagne), où l’on peut également admirer la Cadillac que Gala conduisait, utilisée par le couple Dali lors de son séjour aux États-Unis.

Dali dessinateur automobile ?

Dans le livre « Dali : La vie d’un grand excentrique« , l’écrivain américain Fleur Cowles écrit : « Dali a toujours eu l’idée d’inventer des voitures dans sa tête. Un jour, alors que nous déjeunions ensemble, j’ai suggéré à Dalí l’idée d’une voiture de sport et, ensuite, j’ai organisé une réunion avec quelques directeurs d’entreprises automobiles pour que Dalí puisse discuter du projet avec eux« .

Selon Robert Descharnes, secrétaire personnel de Salvador Dalí, le constructeur automobile américain General Motors a demandé à Dalí de concevoir un nouveau modèle pour une voiture de luxe qu’ils souhaitaient lancer sur le marché. Dali a fait un croquis qu’il a appelé la « Cadillac de Gala » et, après l’avoir remis à GM, n’a reçu aucune réponse.

Terminons cet article dédié aux liens entre Salvador et Dali et l’automobile par une histoire méconnue, qui est survenue en France. Salvado Dali s’est fait voler sa Cadillac lorsqu’il était de passage à Valence. En déjeuner le 23 mai 1968 avec sa femme Gala dans le restaurant de Jacques Pic (aujourd’hui triplement étoilé et tenu par Anne-Sophie Pic), il se fait subtiliser la voiture qui embarquait trois tableaux, des bijoux et de l’argent liquide. Ce sont environ 1 million de dollars actuels qui disparaissent. La voiture fut retrouvée à Beauvallon, comme on l’apprend dans le podcast Savez-vous que ? du Dauphiné Libéré (épisode Salvador Dali s’est fait voler sa Cadillac à Valence).

Sources : L’importance de la voiture dans l’œuvre de Salvador Dalí: « l’automobile habillée » / Théâtre-Musée Dali de Figueres

Crédit photo : Terence Faircloth

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