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La Vignette Collection enfin disponible : un macaron vert pour afficher son patrimoine

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Après des années d’attente et de négociations, les collectionneurs français peuvent désormais arborer fièrement leur statut. Un simple autocollant octogonal qui change tout, ou presque.

texte Inès Allard
photo Droits Réservés

À l’occasion du salon Epoqu’auto de Lyon, la Fédération Française des Véhicules d’Époque a officiellement lancé sa Vignette Collection, aboutissement d’un long travail mené conjointement avec les ministères des Transports et de l’Intérieur. Ce macaron vert sécurisé vient enfin combler un vide dans le paysage réglementaire français, alignant l’Hexagone sur ses voisins européens qui disposent depuis longtemps de systèmes d’identification similaires.

Pour 15 € et une validité de cinq ans, les propriétaires de véhicules de collection peuvent désormais afficher sur leur pare-brise une reconnaissance officielle de leur engagement patrimonial. Plus qu’un simple autocollant administratif, cette vignette symbolise la victoire d’années de mobilisation de la communauté des collectionneurs face aux restrictions croissantes imposées aux véhicules anciens, notamment dans les Zones à Faibles Émissions qui se multiplient sur le territoire.

Une reconnaissance longtemps attendue par la communauté

L’histoire de cette vignette commence il y a plusieurs années, lorsque les premières Zones à Faibles Émissions ont commencé à fleurir dans les métropoles françaises. Les collectionneurs se sont alors retrouvés dans une situation paradoxale : bien que leurs véhicules bénéficient d’une dérogation légale leur permettant de circuler librement, rien ne permettait aux forces de l’ordre de distinguer d’un simple coup d’œil une authentique voiture de collection d’un véhicule ancien quelconque. Une Peugeot 205 de 1990 arborant une carte grise de collection reste visuellement identique à sa jumelle utilisée comme simple véhicule d’occasion. Cette ambiguïté créait des situations délicates lors des contrôles routiers dans les zones réglementées.

Les véhicules de collection représentent moins d’1 % du parc automobile français, soit environ une voiture de collection pour 1 500 véhicules en circulation.

La FFVE a donc entrepris un long travail de lobbying auprès des pouvoirs publics, s’appuyant sur des arguments solides. Les véhicules de collection représentent moins d’1 % du parc automobile français, soit environ une voiture de collection pour 1 500 véhicules en circulation. Leur impact environnemental demeure donc marginal, d’autant que ces automobiles roulent en moyenne très peu de kilomètres par an. Jean-Louis Blanc, président de la FFVE, a porté ce combat avec persévérance, multipliant les rencontres ministérielles et les interventions parlementaires. Le soutien de l’Amicale Parlementaire des Amis des Véhicules de Collection, fondée par le sénateur Jean-Pierre Moga et rassemblant plus de 90 parlementaires, s’est révélé décisif dans cette bataille réglementaire.

Visuel de la nouvelle Vignette Collection

Le tournant intervient en 2021 avec le décret du 28 mai qui acte le principe d’une dérogation pour les véhicules de collection dans les ZFE. Mais il faudra attendre quatre années supplémentaires pour que cette reconnaissance abstraite se matérialise sous la forme d’une vignette tangible. Entre-temps, la FFVE a dû négocier chaque détail : le format octogonal pour se distinguer des vignettes Crit’Air classiques, la couleur verte symbolisant le patrimoine et la préservation, l’intégration d’éléments de sécurité comme l’hologramme et le QR code, les modalités de production avec l’Imprimerie Nationale. Un travail de fourmi qui témoigne de la complexité administrative française, mais aussi de la détermination d’une communauté soudée.

Un dispositif inspiré des pratiques européennes

La France rejoint ainsi ses voisins européens qui ont depuis longtemps adopté des systèmes d’identification pour leurs véhicules historiques. L’Allemagne dispose de sa fameuse plaque H (pour Historisch), suffixe apposé directement sur la plaque d’immatriculation des voitures de plus de 30 ans reconnues comme préservant leur caractère d’origine. Cette lettre supplémentaire offre des avantages substantiels : assurance réduite, taxation forfaitaire avantageuse, circulation autorisée dans toutes les zones environnementales. Le système germanique fait figure de référence en Europe, inspirant de nombreux pays.

La Belgique a opté pour la plaque O (pour Oldtimer), suivant une logique similaire. Nos voisins luxembourgeois utilisent également un système de plaques spécifiques. L’Italie, terre d’histoire automobile s’il en est, a créé son propre régime avec l’ASI (Automotoclub Storico Italiano) qui certifie les véhicules d’intérêt historique. Chaque nation européenne a ainsi développé sa propre approche, mais toutes partagent le même objectif : identifier clairement le patrimoine roulant et lui accorder une reconnaissance particulière.

La France a choisi une voie médiane. Contrairement aux systèmes allemand ou belge qui modifient la plaque d’immatriculation, la Vignette Collection française prend la forme d’un autocollant à apposer sur le pare-brise, à l’instar des vignettes Crit’Air. Ce choix présente des avantages : simplicité de mise en œuvre sans nécessiter de nouvelles plaques minéralogiques, coût réduit pour l’État comme pour les particuliers, flexibilité puisque la vignette reste facultative. Les puristes regretteront peut-être l’absence d’un marquage permanent sur la plaque elle-même, symbole plus fort d’une reconnaissance officielle, mais cette solution pragmatique évite de complexifier davantage le système d’immatriculation national.

L’autocollant adopte une forme octogonale distinctive, évitant toute confusion avec les vignettes Crit’Air circulaires. Le vert domine, couleur traditionnellement associée à la préservation et au patrimoine. Un hologramme garantit l’authenticité du document, tandis qu’un QR code permet aux forces de l’ordre de vérifier instantanément la validité du statut de collection du véhicule en scannant simplement la vignette. L’année de première immatriculation figure également sur le macaron, information utile pour contextualiser l’ancienneté du véhicule. La FFVE a soigné chaque détail pour créer un objet à la fois fonctionnel et esthétique, digne d’être apposé sur le pare-brise d’une automobile patrimoniale.

Le lancement de la Vignette Collection marque une étape significative dans la reconnaissance du patrimoine automobile français. Après des décennies où les véhicules anciens étaient souvent perçus comme des pollueurs anachroniques à éliminer, voilà qu’ils obtiennent enfin une légitimité officielle matérialisée par un simple autocollant vert.

La Vignette Collection ne changera pas fondamentalement le quotidien des collectionneurs, mais elle leur offre une visibilité nouvelle et une reconnaissance symbolique dont ils peuvent être fiers.