Toyota sait encore faire du bruit. Lors du Japan Mobility Show 2025, Takashi Uehara, patron des motorisations du groupe, a confirmé ce que les prototypes camouflés laissaient entrevoir depuis des mois : un nouveau V8 biturbo équipera les futures supercars Toyota GR GT et Lexus. Une annonce qui mérite examen, tant elle va à rebours des tendances actuelles du marché.
Un V8 modulaire issu des 4 cylindres
Le nouveau huit cylindres repose sur l'architecture modulaire des futurs moteurs essence de Toyota, incluant des blocs 1,5 et 2,0 litres. Une approche technique qui rappelle celle d'autres constructeurs, mais qui soulève des interrogations sur les coûts de développement pour des modèles à faible volume.
Uehara confirme que le V8 est lié au quatre cylindres turbo du concept GR Yaris M, suggérant une cylindrée de 4,0 litres. Cette architecture commune devrait permettre de mutualiser certains composants, mais la complexité d'un V8 biturbo hybride reste considérable pour une production limitée.
L'ingénieur précise que le système sera hybride, mais pas rechargeable. Un choix conservateur qui évite le surpoids des batteries plus importantes, mais qui pose la question de l'autonomie électrique réelle et de l'intérêt de cette hybridation légère face aux réglementations à venir.
Deux versions, deux philosophies
Toyota prévoit de décliner ce V8 en deux configurations distinctes. Uehara évoque une version « douce » pour Lexus et une version « musclée, heavy-duty » pour Toyota.
La Toyota GR GT, dévoilée le 5 décembre 2025, utilisera cette motorisation dans une configuration à moteur central. Le véhicule fera sa première apparition publique au Tokyo Auto Salon en janvier 2026. Côté Lexus, le Sport Concept présenté à Monterey puis Tokyo préfigure soit un successeur à la LFA, soit un remplaçant pour la LC actuelle.
Cette annonce intervient alors que plusieurs constructeurs réduisent leur offre de gros moteurs thermiques. Pourtant, AMG développe également un nouveau V8, Mercedes maintient son V12, BMW adapte son V8 aux futures normes, et Porsche compte conserver des huit cylindres jusqu'aux années 2030. Un consensus surprenant des constructeurs premium allemands qui misent sur la survie du segment ultra-sportif thermique. Lexus mise aussi sur la survie des boîts mécaniques.
La justification économique reste floue. Développer un nouveau moteur pour un seul modèle à faible volume serait difficile à justifier financièrement, d'où la nécessité d'une version course GT3 et d'une déclinaison Lexus pour amortir les coûts. Mais même avec ces variantes, les volumes resteront marginaux face aux investissements nécessaires.
Questions en suspens
Toyota n'a communiqué aucune donnée technique précise : puissance, couple, consommation, prix. Les spéculations parlent de « bien plus de 500 chevaux » selon certaines sources, mais sans confirmation officielle. Le positionnement tarifaire sera déterminant, face à une concurrence établie comme Porsche ou McLaren qui maîtrisent déjà parfaitement ce segment.
L'absence de version rechargeable interroge également sur la capacité de ces modèles à respecter les futures normes d'émissions, particulièrement en Europe. Toyota mise sur l'efficacité de son hybridation légère, mais cette approche suffira-t-elle face aux réglementations de plus en plus strictes ?
La communication de Toyota reste volontairement vague, multipliant les teasers sans révéler de substance technique. Une stratégie marketing éprouvée, mais qui masque peut-être des arbitrages encore non finalisés. Le développement d'un tel projet nécessite des investissements massifs pour des retombées commerciales incertaines. Toyota cherche manifestement à redorer son image sportive après des années de focus sur l'hybride familial, mais à quel prix ? Le marché des supercars reste un segment de niche où la rentabilité est rarement au rendez-vous. Seul le temps dira si ce pari technique trouvera son public.
