Lorsque les courbes sensuelles des années 60 rencontrent la technologie du XXIe siècle, la passion automobile revêt son plus bel habit de carbone. L'Automobili Mignatta Rina est une déclaration d'amour à l'essence même du plaisir de conduire, et une évocation des barchetta italiennes.
Des sensations pures
On doit vous l'avouer, l'apparition d'un constructeur italien qui propose une vision radicalement différente fait l'effet d'une bouffée d'air frais. Automobili Mignatta, marque fondée par José Mignatta dans la région du Piémont, vient de dévoiler sa première création : la Rina. Ce roadster au style évocateur des années 60 n'est pas qu'un simple exercice de style rétro, mais une véritable philosophie automobile qui privilégie l'essentiel - le plaisir de conduire, la légèreté et la connexion directe entre l'homme et la machine.
Le nom "Rina" n'a pas été choisi au hasard. Il s'agit d'un hommage touchant à Caterina, grand-mère du fondateur, José Mignatta. Ce lien familial et émotionnel traduit parfaitement l'esprit de cette automobile : une création profondément personnelle et passionnée, ancrée dans le patrimoine italien. Comme l'explique José Mignatta, "Rina est fièrement liée au Piémont, terre mère de nombreux jalons de l'industrie automobile internationale", rappelant ainsi l'héritage inestimable de cette région qui a vu naître certaines des plus belles automobiles de l'histoire.
Son design pur et sa conception sans compromis en font un objet rare dans le paysage automobile contemporain, où la performance se mesure souvent plus en termes de puissance de calcul que de sensations. Ses proportions idéales - long capot, cockpit reculé, arrière court et ailes généreuses - obéissent aux canons classiques de la beauté automobile.
Davide Dessì, le jeune directeur du design de la Rina, a créé une automobile qui semble sculptée plutôt que dessinée. Comme il l'explique, "chaque détail est pensé pour exprimer pureté et synthèse, sans fioritures, exactement comme les voitures de sport des années soixante." Ce minimalisme élégant n'est pas sans rappeler la philosophie de certains grands maîtres du design italien, comme Pininfarina ou Zagato, qui savaient que la beauté réside souvent dans la simplicité.
Un V8 atmosphérique presque anachronique
La Rina abrite une mécanique aussi impressionnante que son design. Au cœur de cette création se trouve un châssis monocoque en fibre de carbone d'une légèreté et d'une rigidité exceptionnelles. Pesant seulement 71 kg, cette structure baptisée "JM-SM" offre une rigidité torsionnelle de 101 000 Nm/degré, ce qui la place parmi les châssis les plus performants jamais conçus pour une voiture de route. À titre de comparaison, cette valeur représente près de trois fois la rigidité du châssis d'une Lamborghini Aventador.
Si le châssis est résolument moderne, le choix de la motorisation reflète une philosophie plus traditionnelle, mais non moins raffinée. La Rina est propulsée par un V8 atmosphérique de 5,0 litres d'origine Ford, spécifiquement préparé pour cette application. Ce moteur tout aluminium bénéficie de technologies modernes comme l'injection directe et la distribution variable indépendante (Ti-VCT), mais conserve le caractère immédiat et la sonorité envoûtante d'un V8 atmosphérique.
La préparation de ce bloc a été confiée à Italtecnica Engineering, spécialiste reconnu de l'optimisation des moteurs de haute performance. Bien que la puissance exacte n'ait pas encore été officiellement communiquée, on peut s'attendre à une valeur proche de 500 chevaux, compte tenu du rapport poids/puissance annoncé et du poids à sec d'environ 1 000 kg de la voiture.
Ce qui distingue véritablement ce groupe motopropulseur, c'est sa configuration. Le V8 est monté en position centrale-avant, c'est-à-dire derrière l'axe des roues avant, et est accouplé à une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports en configuration transaxle (montée à l'arrière). Cette disposition, chère aux puristes, permet d'obtenir une répartition des masses idéale, proche de 50/50 entre l'avant et l'arrière.
La transmission manuelle à 6 rapports, dotée d'une grille de sélection apparente rappelant les grandes GT italiennes d'antan, ainsi que le différentiel autobloccant, complètent cette mécanique d'exception. La sonorité du V8, magnifiée par un système d'échappement spécifique, promet d'être l'une des signatures les plus marquantes de cette automobile. On imagine déjà le ballet de la main sur le levier de vitesse et la symphonie mécanique qui l'accompagne lors d'une montée en régime sur les routes sinueuses du Monferrato ou des Langhe.
La Rina sera construite à la main à Valfenera d'Asti, dans le Piémont, avec une production strictement limitée à 30 exemplaires par an. Chaque voiture pourra être personnalisée selon les désirs de son propriétaire, perpétuant ainsi la grande tradition des carrossiers italiens. Le prix de base annoncé est de 290 000 € hors taxes, ce qui la place dans le segment des créations de Morgan, Wiesmann ou Jannarelly.