Avec son concept Polygon, Peugeot joue cartes sur table. Cette citadine électrique trois portes au design radical annonce officiellement la couleur pour la future génération de 208, prévue pour l'automne 2026 selon nos informations. Le constructeur sochalien promet une « vision féline du futur », mais derrière les effets d'annonce se cache une réalité industrielle plus prosaïque.
Un design en rupture totale
Le Polygon rompt avec les codes actuels de Peugeot. Exit les courbes tendues et les flancs sculptés de la 208 actuelle. Place à une silhouette monovolume aux roues rejetées dans les coins, un pare-brise très avancé et une poupe abrupte. Les trois griffes lumineuses caractéristiques de la marque évoluent vers des bandes LED horizontales. Certains y verront un clin d'œil à la 205. D'autres, une tentative désespérée de se démarquer dans un segment ultra-concurrentiel.

Cette approche radicale rappelle étrangement la première Twingo des années 90, qui revient d'ailleurs aujourd'hui. Un retour aux fondamentaux de la citadine compacte et habitable ? Peut-être. Mais le passage du concept à la série s'annonce périlleux. La version de production comptera cinq portes, pas trois. Les arêtes vives seront adoucies. Les surfaces vitrées généreuses du concept céderont la place aux impératifs de sécurité et de rigidité structurelle.
Alain Favey, directeur général de Peugeot, tempère d'ailleurs l'enthousiasme en parlant d'une « projection crédible » pour un véhicule du segment B. Traduction : ne vous attendez pas à retrouver ce design tel quel chez votre concessionnaire.
La plateforme STLA Small : promesses et réalités
Le Polygon inaugure la nouvelle architecture STLA Small du groupe Stellantis. Les chiffres annoncés font rêver : jusqu'à 500 km d'autonomie WLTP, batteries de 37 à 82 kWh, motorisations de 95 à 245 ch. La réalité sera probablement moins rose. La plateforme, initialement prévue 100 % électrique, devient finalement multi-énergie pour accueillir aussi le moteur 1.2 MHEV 48V. Un revirement qui en dit long sur la confiance du groupe dans le tout-électrique.

La future e-208 sera produite à Saragosse, en Espagne, comme l'actuelle. Pas de rapatriement en France malgré les appels du gouvernement. Le prix cible de « moins de 25 000 € » en entrée de gamme reste à confirmer. Pour mémoire, l'actuelle e-208 démarre à 34 550 € hors bonus. Un écart de près de 10 000 € qui interroge, même avec des batteries LFP moins onéreuses fournies par le chinois CATL.
Le volant rectangulaire : gadget ou révolution ?
Le Polygon introduit l'Hypersquare, un volant rectangulaire associé à une direction steer-by-wire (sans colonne mécanique). Une première pour Stellantis, développée par JTEKT, filiale de Toyota. L'absence de liaison physique permet théoriquement de libérer l'espace aux genoux et d'ajuster finement le comportement routier.

Dans les faits, cette technologie coûteuse restera probablement optionnelle, au moins dans un premier temps.

« On laissera le choix », concède pudiquement Peugeot. Comprendre : beaucoup de clients risquent d'être déroutés par cette innovation qui rompt avec des décennies d'habitudes de conduite.
Un avenir en série sous conditions
Le Polygon aura-t-il un réel impact sur le design futur de Peugeot ? Probablement, mais de manière très édulcorée. Les éléments stylistiques les plus marquants — silhouette monovolume, surfaces vitrées généreuses, trois portes — disparaîtront au profit d'un compromis plus vendeur. Resteront quelques détails signature : la nouvelle interprétation des griffes lumineuses, peut-être le traitement plus épuré des surfaces.
Stellantis maintient la production de l'actuelle 208 hybride en parallèle de la future e-208. Un aveu d'échec pour le tout-électrique ? Plutôt un pragmatisme bienvenu face à un marché européen où les ventes de voitures électriques plafonnent.
La vraie question concerne la stratégie produit. Stellantis maintient la production de l'actuelle 208 hybride en parallèle de la future e-208. Un aveu d'échec pour le tout-électrique ? Plutôt un pragmatisme bienvenu face à un marché européen où les ventes de voitures électriques plafonnent. Face à la Renault 5 E-Tech nostalgique et à la future Volkswagen ID.Polo technologique, Peugeot mise sur une approche futuriste. Un pari risqué.

Le Polygon illustre parfaitement le dilemme actuel de l'industrie automobile. D'un côté, la nécessité d'innover et de proposer une vision excitante du futur. De l'autre, les contraintes économiques et réglementaires qui imposent des compromis constants. Entre les deux, les constructeurs naviguent à vue. Peugeot ne fait pas exception. Son concept Polygon promet beaucoup. La réalité de 2026 sera certainement plus terre-à-terre. Les 500 km d'autonomie annoncés seront-ils au rendez-vous ? Le prix restera-t-il sous les 25 000 € ? Le design conservera-t-il son audace initiale ? Rendez-vous dans un an pour les réponses.

