Nissan dévoile la sixième génération de sa Micra. Depuis 1982, cette citadine a traversé les décennies en accumulant plus de six millions d'unités vendues à travers le monde, un succès qui culmina en 1993 avec l'obtention du prestigieux titre de Voiture de l'année européenne pour sa deuxième génération. Aujourd'hui, la marque nippone mise tout sur l'électrification pour redonner un second souffle à un modèle qui avait perdu de sa superbe ces dernières années.
Cette nouvelle mouture abandonne radicalement ses origines thermiques pour adopter une architecture 100 % électrique, empruntée à nulle autre que la Renault 5 E-Tech. Un choix stratégique qui s'inscrit dans la logique de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, mais qui soulève également des questions sur l'identité propre de cette citadine japonaise face à sa cousine française aux accents nostalgiques.
Un design pour se démarquer de sa cousine française
Malgré le partage de plateforme avec la Renault 5, les stylistes de Nissan ont su conférer à leur Micra une personnalité distincte. La signature lumineuse circulaire, véritable fil conducteur esthétique, s'impose comme l'élément le plus marquant de cette nouvelle génération. Ces phares ronds, qui rappellent subtilement l'héritage des premières Micra dessinées par Giorgetto Giugiaro, créent un regard unique et immédiatement reconnaissable.
Les proportions générales demeurent fidèles à celles de la Renault 5 avec ses 3,97 mètres de longueur et son empattement de 2,54 mètres, mais chaque panneau de carrosserie a été repensé. Seuls le pare-brise, les rétroviseurs et le pavillon sont partagés, témoignant d'un réel effort de différenciation. Les jantes de 18 pouces, disponibles en tôle avec enjoliveurs ou en aluminium, participent à cette recherche d'originalité dans un segment où l'uniformisation guette.
À l'arrière, les optiques reprennent le motif circulaire de l'avant, tandis que la signature « NISSAN » s'étale en lettres capitales sur le hayon. Cette approche stylistique tranche avec la fibre nostalgique de la Renault 5, privilégiant un design « enthousiaste et tout en douceur » selon les termes des concepteurs.
Une architecture technique éprouvée
Sous sa robe inédite, la nouvelle Micra adopte intégralement la chaîne de traction de sa cousine française. Deux motorisations électriques sont proposées : 120 chevaux pour la version d'entrée et 150 chevaux pour la déclinaison haute performance. Ces groupes propulseurs s'associent à deux capacités de batterie distinctes : 40 kWh offrant 310 kilomètres d'autonomie, et 52 kWh permettant d'atteindre 408 kilomètres selon le cycle WLTP.
La recharge s'effectue à 11 kW en courant alternatif, tandis que la puissance en courant continu culmine à 80 kW pour la petite batterie et 100 kW pour la grande. Des performances qui placent la Micra dans la moyenne de son segment, sans révolutionner les standards établis. Plus intéressant, Nissan intègre la fonction « one pedal », absente sur la Renault 5, permettant une conduite régénératrice optimisée.
L'habitacle, en revanche, reprend quasi intégralement celui de sa cousine française. Seuls quelques détails comme les matériaux de la planche de bord, la couleur des textiles et une évocation discrète du mont Fuji sur la console centrale distinguent les deux modèles. Cette économie de moyens, dictée par les impératifs financiers de Nissan, prive la Micra d'une identité intérieure forte, regret d'autant plus marqué que l'ergonomie générale demeure excellente avec son double écran de 10,1 pouces et son interface Google intégrée.
L'héritage d'une lignée emblématique
Cette sixième génération s'inscrit dans une lignée prestigieuse qui débuta en 1982 sous le nom de Datsun March au Japon. L'histoire veut que ce nom ait été choisi par le public japonais lui-même, après une consultation nationale orchestrée par Nissan. En Europe, la première génération adopta le patronyme « Micra », probablement pour des raisons de prononciation universelle.
Le succès de la K11, deuxième génération couronnée Voiture de l'année 1993, reste dans toutes les mémoires. Cette distinction, première pour une automobile japonaise en Europe, consacrait une citadine qui démocratisait le raffinement dans sa catégorie. Aujourd'hui, alors que le marché européen des véhicules électriques traverse une période d'incertitude, Nissan mise sur cette nouvelle Micra pour reconquérir une clientèle séduite par les Peugeot e-208 et autres Opel Corsa Electric.
Fabriquée dans l'usine de Douai, aux côtés de la Renault 5, cette nouvelle venue bénéficiera du bonus écologique français. Reste à déterminer son positionnement tarifaire, élément crucial dans un segment où chaque millier d'euros compte.