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La Fiat 500 Hybrid arrive ! Retour aux sources face aux difficultés de la 500e

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Une Fiat 500 automatique et 100% électrique, ça ne vous attire pas ? Vous n'êtes pas seul(e). Alors, par pragmatisme, et face à un constat sans appel, Fiat lance - enfin - une déclinaison thermique sur base de la nouvelle 500. Signe d'un retournement sur le marché ?

texte Inès Allard

photo Fiat

Quand l'héritière d'une icône italienne fait marche arrière sur la route de l'électrification, c'est tout le paysage automobile qui en tremble. La 500 Hybrid, baptisée "Torino" en hommage à sa ville natale, arrive tel un pompier pour éteindre l'incendie commercial qui consume sa sœur à batterie.

L'électrique à l'épreuve de la réalité économique

Dans les vastes hangars de l'usine historique de Mirafiori à Turin, les lignes de production de la Fiat 500e connaissent un rythme chaotique depuis plusieurs mois. Alternant entre périodes d'activité et arrêts prolongés, ce site emblématique de l'industrie automobile italienne traverse une crise qui illustre parfaitement les difficultés rencontrées par Stellantis dans sa stratégie d'électrification. Malgré les communiqués triomphants et les récompenses accumulées, la réalité des chiffres s'impose avec brutalité : les ventes de la petite citadine électrique sont en chute libre.

Les ambitions initiales étaient pourtant considérables. Lancée en 2020 comme le fer de lance d'une nouvelle ère pour la marque, la 500e devait incarner la transition réussie vers la mobilité zéro émission. Une ambition noble, portée par un design fidèle à l'héritage de la petite italienne mais résolument tourné vers l'avenir. Olivier François, PDG de Fiat, n'hésitait pas à proclamer en janvier 2024 que "la Fiat 500e a une fois de plus confirmé son succès, en prenant la tête du segment des citadines électriques en Europe pour la deuxième année consécutive", selon le communiqué officiel de Stellantis.

Une réussite de façade qui masquait mal une tendance inquiétante. Au premier trimestre 2024, la 500e a vu ses ventes chuter de 51%, avec seulement 6 874 unités écoulées, loin des 100 000 exemplaires annuels espérés par le groupe franco-italo-américain. Face à cette hémorragie commerciale, Stellantis a multiplié les fermetures temporaires de l'usine de Mirafiori, plongeant ses employés dans une précarité croissante et alimentant les tensions avec le gouvernement italien.

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Les raisons d'un échec aux multiples facettes

Comment expliquer qu'un modèle aussi emblématique, héritier d'une lignée prestigieuse qui a marqué l'histoire de l'automobile italienne, se retrouve ainsi en difficulté ? Les facteurs sont multiples et reflètent la complexité du marché automobile actuel.

Le prix constitue sans doute l'obstacle principal. Malgré plusieurs ajustements tarifaires, la 500e reste positionnée sur un segment premium qui la place hors de portée de sa clientèle traditionnelle. Avec un ticket d'entrée avoisinant les 30 000 euros (même si des remises ponctuelles peuvent faire baisser ce montant), elle se trouve en concurrence directe avec des modèles plus polyvalents et plus spacieux. La pertinence d'un tel investissement pour un véhicule principalement urbain, dont l'autonomie demeure limitée (190 à 310 km selon les versions), suscite légitimement des interrogations chez les acheteurs potentiels.

Le contexte économique global n'a pas non plus favorisé l'essor de la petite italienne électrique. L'inflation persistante, la hausse des taux d'intérêt et l'incertitude quant à l'évolution des normes et des subventions ont contribué à freiner l'engouement pour les véhicules à batteries. Sans oublier le développement encore insuffisant des infrastructures de recharge, qui continue d'alimenter l'"angoisse de l'autonomie" chez de nombreux utilisateurs.

Face à ces obstacles, la concurrence s'est également intensifiée, avec l'arrivée de nouveaux modèles plus abordables ou proposant un meilleur rapport prestations/prix. Des rivales comme la Dacia Spring ou la nouvelle Citroën ë-C3 bousculent la hiérarchie établie en proposant des alternatives électriques à des tarifs beaucoup plus accessibles.

Le pari hybride pour sauver l'usine de Mirafiori

Dans ce contexte morose, Stellantis a pris une décision qui aurait semblé impensable il y a encore quelques années : adapter la plateforme nativement électrique de la 500e pour y intégrer une motorisation hybride. Un revirement stratégique d'autant plus surprenant que la troisième génération de 500 avait été conçue exclusivement pour la propulsion électrique, contrairement à sa devancière qui proposait diverses motorisations thermiques.

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La préproduction de cette nouvelle 500 hybride a déjà débuté à Turin, avec un lancement de la production en série prévu pour novembre 2025. Carlos Tavares, PDG de Stellantis, a confirmé cette orientation lors d'une réunion avec les syndicats italiens, espérant ainsi relancer l'activité de l'usine de Mirafiori et apaiser les tensions sociales et politiques.

Cette nouvelle venue ne sera pas une simple Fiat 500 hybride. Elle portera un nom chargé de symbolisme : Torino. Un hommage à la capitale piémontaise qui abrite l'usine historique, mais aussi un message fort adressé au gouvernement italien, qui reproche régulièrement à Stellantis de négliger ses racines transalpines. Après la polémique déclenchée par l'Alfa Romeo Milano (rebaptisée Junior car produite en Pologne), le groupe automobile semble avoir retenu la leçon et mise sur une identité résolument italienne pour son nouveau modèle.

Sur le plan technique, la 500 Torino devrait être équipée du moteur trois cylindres 1.0 FireFly mild hybrid 12V développant 70 chevaux, associé à une boîte manuelle à six rapports. Un groupe motopropulseur déjà éprouvé sur d'autres modèles du groupe et qui a fait ses preuves en termes de fiabilité et d'efficience. Ce choix de la micro-hybridation représente un compromis intelligent, offrant une amélioration significative des émissions et de la consommation par rapport à un moteur purement thermique, tout en évitant les contraintes liées à l'électrification complète.

L'adaptation de la plateforme STLA City (nom utilisé par Fiat pour désigner l'architecture de la 500 électrique) constitue néanmoins un défi technique considérable. Les ingénieurs doivent repenser l'avant du véhicule pour accueillir ce moteur thermique et tous ses périphériques, tout en préservant les qualités dynamiques et l'habitabilité du modèle. Un challenge qui rappelle les prouesses réalisées par le Centro Stile Fiat lors de la conception de la 500 de 2007, qui avait su réinterpréter un design iconique en l'adaptant aux exigences contemporaines.

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Un avenir incertain pour l'icône italienne

La cohabitation de la 500e et de la 500 Torino dans la gamme Fiat soulève de nombreuses questions sur l'avenir du modèle et, plus largement, sur la stratégie d'électrification du groupe Stellantis. Initialement, la nouvelle génération entièrement électrique de la Fiat 500 était prévue pour 2028, mais ce projet a été repoussé à l'horizon 2030, laissant entrevoir une période de transition prolongée.

Cette décision de proposer une version hybride s'accompagnera d'un léger restylage de la gamme, qui concernera également la version électrique. Des modifications esthétiques discrètes qui permettront de donner un second souffle à un design déjà très réussi, tout en renforçant la cohérence visuelle entre les différentes motorisations. On peut également s'attendre à des améliorations technologiques pour la 500e, notamment l'adoption de batteries LFP (lithium-fer-phosphate) moins coûteuses, qui pourraient contribuer à rendre le modèle plus accessible.

Entre pragmatisme commercial et volte-face stratégique

Si cette diversification de l'offre témoigne d'un certain pragmatisme face aux réalités du marché, elle interroge néanmoins sur la cohérence de la stratégie à long terme. En reculant sur l'ambition du "tout électrique", Stellantis semble admettre que la transition énergétique dans l'automobile sera plus longue et plus complexe que prévu. Une position qui fait écho aux ajustements similaires opérés par d'autres constructeurs comme Volkswagen, Renault ou Mercedes-Benz.