Les Finali Mondiali Ferrari posent leurs valises pour la dix-septième fois à l'Autodromo Internazionale del Mugello, ce circuit sinueux de 5,245 kilomètres niché dans les collines de Scarperia. Une semaine entière dédiée à la passion du Cheval Cabré, où se mêlent compétition acharnée, nostalgie mécanique et innovation technique.
Cette trente-troisième édition s'annonce particulièrement mémorable : elle célèbre les vingt ans du programme XX, ces Ferrari extrêmes réservées à une poignée de privilégiés, et couronne les champions des différentes séries du Ferrari Challenge.
Un écrin toscan pour une tradition mondiale
Le Mugello entretient une histoire d'amour singulière avec Ferrari. Propriété de la marque depuis 1988, ce tracé exigeant a accueilli seize des trente-deux premières éditions des Finali Mondiali, s'imposant comme le théâtre privilégié de cette célébration annuelle. La première édition se déroula d'ailleurs ici en 1993, posant les fondations d'une tradition désormais ancrée dans le patrimoine ferrariste. Entre-temps, l'événement a fait le tour du monde : Monza à quatre reprises, Imola à trois occasions, mais aussi Valence, Daytona ou Abu Dhabi ont eu l'honneur d'accueillir ces finales planétaires. Pourtant, c'est bien au Mugello que bat le cœur de cette manifestation.
L'édition 2023 reste gravée dans les mémoires : c'est lors de cette édition que Ferrari dévoila au monde la 499P Modificata, dérivée de la voiture victorieuse aux 24 Heures du Mans, ainsi que la 296 Challenge. Cette année, le circuit toscan promet un spectacle encore plus grandiose avec la présentation publique italienne de la 296 GT3 Evo, évolution de la redoutable GT3 qui poursuit la lignée victorieuse des voitures de course de Maranello.
Le Ferrari Challenge : l'heure des verdicts
Au cœur de cette semaine toscane se joue l'épilogue des championnats Ferrari Challenge Europe et North America. Plus d'une centaine de Ferrari 296 Challenge s'affrontent dans quatre catégories : Trofeo Pirelli, Trofeo Pirelli Am, Coppa Shell et Coppa Shell Am.
En Europe, le suspense reste entier à l'approche du dernier round. Dans le Trofeo Pirelli, les Suisses Felix Hirsiger et Jasin Ferati se livrent une bataille acharnée, séparés de seulement huit points. Seul Hendrik Viol a déjà assuré son titre dans le Trofeo Pirelli Am, tandis que Manuela Gostner défend une avance de vingt-sept points en Coppa Shell. La plus indécise demeure la Coppa Shell Am où Sven Schömer et Jan Sandmann, deux Allemands, se tiennent dans un mouchoir de poche avec à peine dix points d'écart.
Outre-Atlantique, la série nord-américaine présente ses propres enjeux. Massimo Perrina domine le Trofeo Pirelli avec ses sept victoires, mais Dylan Medler n'a pas dit son dernier mot.
Le programme XX à l'honneur
Cette édition 2025 marque un anniversaire particulier : les deux décennies du programme XX, l'une des initiatives les plus exclusives de l'histoire automobile. Lancé en 2005, ce concept révolutionnaire permet à une poignée de clients triés sur le volet d'acquérir des Ferrari extrêmes, dépourvues d'homologation routière, conçues pour repousser les limites de la technologie de piste. Plus de quarante exemplaires convergeront vers le Mugello, accompagnés de leurs pilotes-propriétaires, pour célébrer cet anniversaire en majesté.
Au moins dix exemplaires de 599XX et 599XX Evo seront présents, seules représentantes du programme à disposer d'un moteur V12 en position centrale avant, précise le site officiel Ferrari. Héritières de la 599 GTB Fiorano, ces machines apparues en 2010 incarnent une époque où Ferrari explorait les limites du douze cylindres atmosphérique. Le reste de la grille se compose de FXX K et FXX-K Evo, dérivées de l'hypercar LaFerrari et dévoilées respectivement en 2015 et 2017.
Ces bêtes de course hybrides combinent un V12 de 6,3 litres à un système Hy-KERS pour totaliser 1 050 chevaux. Leur aérodynamique sophistiquée, mêlant appendices actifs et passifs, génère 530 kilogrammes d'appui à 200 km/h.
Le programme des sessions XX s'étale du jeudi au dimanche avec deux créneaux quotidiens de vingt minutes, séparés entre les 599XX d'une part et les FXX K d'autre part.
Les légendes de la F1 reprennent la piste
Parmi les attractions majeures de ces Finali Mondiali figure le programme F1 Clienti, pionnier des activités non compétitives lancé par Ferrari en 2003. Une vingtaine de monoplaces historiques investiront le Mugello. De la 412 T2 de Jean Alesi, celle-là même qui lui permit de décrocher son unique victoire en Grand Prix au Canada 1995, jusqu'à la SF70H de Sebastian Vettel qui collectionna cinq succès en 2017, l'éventail temporel impressionne.
La vedette absolue reste incontestablement la F2004 de Michael Schumacher. Cette cinquantième monoplace réalisée par la Scuderia demeure la plus victorieuse de l'histoire de Maranello, ayant permis à l'Allemand de décrocher son septième titre mondial avec onze victoires.
Les séances F1 Clienti se déroulent conjointement avec le programme Sport Prototipi Clienti, qui met en piste la 499P Modificata. Dérivée du prototype vainqueur des trois dernières éditions des 24 Heures du Mans, cette version clientèle libérée des contraintes réglementaires du championnat du monde d'Endurance offre des performances encore supérieures à sa sœur de course.
Le patrimoine GT à l'honneur
Le Club Competizioni GT complète ce tableau d'excellence en rassemblant plus de trente Ferrari GT de compétition. Ce programme célèbre trente-cinq ans d'histoire sportive, de la mythique F40 Competizione des années quatre-vingt-dix à l'actuelle 296 GT3, en passant par des icônes comme la 550 Maranello, la 360 Modena ou la redoutable 458 Italia GT3. Cette dernière s'illustra particulièrement aux 24 Heures du Mans avec deux victoires en 2012 et 2014, ainsi qu'un triomphe à Daytona et Bathurst en 2014.
Le programme du Club s'étale sur trois jours, avec des séances le samedi et dimanche pendant les Finali Mondiali, puis une journée complète le lundi 27 octobre avec près de huit heures de roulage cumulées.
L'Area Display installée au cœur du paddock présente une quarantaine de joyaux supplémentaires. Ce musée éphémère retrace l'histoire Ferrari de 1954 à 2022, de l'élégante 250 Monza aux récentes monoplaces F1. Parmi les pièces exposées figurent la 500 Mondial de 1954, dont le nom célèbre les titres mondiaux d'Alberto Ascari, ou encore les redoutables 512 BB LM de 1978 et 1981, ces berlinettes de compétition au V12 boxer qui affrontèrent les plus grandes courses d'endurance.
Le Ferrari Show : apothéose dominicale
L'événement culmine dimanche après-midi avec le traditionnel Ferrari Show, grand-messe automobile qui débute vers 12h50. Ce spectacle soigneusement orchestré fait défiler l'ensemble des voitures présentes dans un crescendo d'émotions. Les monoplaces historiques ouvrent généralement le bal avec des tours rapides, des départs arrêtés et des démonstrations de drift spectaculaires. Les prototypes modernes succèdent aux GT de compétition, avant que les voitures du programme XX ne dévoilent leur puissance démesurée.
Cette année, l'attention se portera particulièrement sur la 296 GT3 Evo, présentée en juin à Spa-Francorchamps mais visible pour la première fois devant le public italien. Les trois exemplaires de 499P victorieux au Mans seront également mis à l'honneur, rappelant la domination récente de Ferrari dans la catégorie reine de l'endurance mondial. Le show atteindra son paroxysme vers 14 heures avec l'hymne national italien résonnant sur le rettilineo, probablement accompagné d'une patrouille aérienne, avant la traditionnelle photo de groupe rassemblant pilotes, équipes et voitures.
Toutes les activités seront retransmises sur le site web Ferrari et la chaîne YouTube officielle avec des commentaires en anglais, tandis que DAZN diffusera l'ensemble en Italie avec des commentaires italiens.
Le public dispose d'un accès gratuit aux zones prato du jeudi 23 au dimanche 26 octobre, avec entrée par le portail Palagio et parkings disponibles le long de la via dell'Autodromo. Les tribunes du rettilineo sont réservées aux employés Ferrari et aux membres des Scuderia Ferrari Club, mais les vastes espaces en herbe offrent d'excellents points de vue sur plusieurs secteurs du circuit, notamment les zones San Donato et Arrabbiata où les pilotes attaquent les virages rapides avec une détermination fascinante.
Ces Finali Mondiali 2025 s'inscrivent dans la lignée d'une saison riche pour le programme XX, qui a déjà visité Jeddah, Monza, Le Castellet, Miami, Fuji, Barcelone et Spa. Le calendrier 2026 se dessine déjà avec des étapes annoncées au Qatar en février, au Castellet en mars, puis Mugello en avril, avant deux rendez-vous américains à Austin et Road Atlanta en mai.