Depuis son lancement en 2022, le BMW XM divise autant qu'un débat sur l'évolution esthétique de la marque bavaroise. Ce mastodonte hybride de 2,7 tonnes, premier modèle n'existant qu'en M depuis la légendaire M1 de 1978, peine à convaincre les puristes de la marque à l'hélice. Qu'à cela ne tienne : le préparateur allemand G-Power a décidé d'amplifier sa nature controversée en créant une version unique qui pulvérise toutes les barrières de la raison. Avec près de 950 chevaux sous le capot, cette interprétation extrême du SUV munichois repousse les limites de ce qu'un véhicule de série peut devenir entre les mains d'artisans de la performance.
Une mécanique poussée aux confins de la physique
Le cœur de cette transformation réside dans l'optimisation radicale du groupe motopropulseur hybride rechargeable. G-Power a extrait du V8 biturbo 4,4 litres et de son système électrique une puissance combinée oscillant entre 887 et 950 chevaux selon les sources, soit près de 300 chevaux supplémentaires par rapport aux 650 chevaux d'origine. Cette alchimie mécanique s'opère principalement par reprogrammation électronique, avec des ajustements minutieux de la pression de suralimentation, des cartographies d'allumage et de l'injection.
L'échappement n'échappe pas à cette quête de performance absolue. Les downpipes sport de G-Power, équipés de catalyseurs 200 cellules conformes aux normes Euro 6, libèrent une sonorité plus affirmée tout en respectant les contraintes environnementales. Cette approche témoigne de la maturité technique des préparateurs allemands, capables de concilier performances extrêmes et homologation routière. Le limiteur de vitesse, relevé de 270 à 300 km/h, place ce mastodonte dans la cour des SUV les plus rapides au monde, rivalisant avec les Lamborghini Urus et autres Aston Martin DBX.
Quand Mansory habille la controverse
L'esthétique de cette création unique illustre parfaitement la philosophie « moins c'est plus, mais beaucoup plus c'est mieux » chère aux préparateurs d'outre-Rhin. G-Power a fait appel à Mansory pour concevoir un kit carrosserie intégral en fibre de carbone, transformant radicalement la silhouette déjà imposante du XM. Pare-chocs avant sculpté, diffuseur arrière complexe, aileron proéminent et élargisseurs d'ailes composent cette panoplie esthétique qui ne laisse personne indifférent.
La robe orange vif avec accents sombres achève de polariser les opinions, dans la pure tradition des créations les plus audacieuses du tuning germanique. Les jantes forgées Hurricane RR de 23 pouces, chaussées de pneumatiques Michelin aux dimensions impressionnantes (285/25 à l'avant, 325/30 à l'arrière), confèrent à l'ensemble une prestance théâtrale. Cette esthétique assumée questionne les codes du bon goût automobile, rappelant que l'époque des BMW sobres et élégantes semble définitivement révolue.
La surenchère comme nouvelle norme
Cette création de G-Power s'inscrit dans une logique commerciale parfaitement rodée. Le préparateur propose désormais une gamme complète d'évolutions pour le XM, des 838 chevaux du Stage 1 aux plus de 1 000 chevaux promis pour la version ultime en développement. Cette escalade de la puissance reflète les attentes d'une clientèle fortunée, avide de distinction dans un monde automobile de plus en plus uniformisé.
L'extension de ces modifications à la nouvelle BMW M5 hybride témoigne de l'universalité de cette approche. G-Power anticipe visiblement une demande croissante pour ces préparations extrêmes, surfant sur la vague des SUV de luxe haute performance qui dominent désormais les carnets de commandes des marques premium. Cette stratégie commerciale interroge néanmoins sur l'évolution des mentalités : là où BMW construisait jadis sa réputation sur l'équilibre et la finesse, les préparateurs contemporains privilégient l'outrance et la démesure.
Cette BMW XM by G-Power cristallise parfaitement les paradoxes de notre époque automobile. Entre prouesse technique indéniable et questionnements esthétiques légitimes, elle témoigne d'une industrie du tuning allemande plus créative que jamais, pour le meilleur comme pour le pire. Reste à savoir si cette fuite en avant vers toujours plus de puissance saura trouver son public, ou si elle ne fait qu'alimenter une surenchère dont l'automobile de prestige peine déjà à se défaire.