Soixante ans après les premières victoires de l'Alpine A110 Berlinette sur les routes sinueuses du Rallye de Monte-Carlo, la marque de Dieppe frappe un grand coup avec cette A290 Rallye. Cette déclinaison sportive de la citadine électrique basée sur la plateforme de la nouvelle Renault 5 incarne une vision audacieuse : prouver que l'électrique peut faire vibrer les spectateurs de rallye autant qu'un moteur thermique. Avec ses 220 chevaux et son différentiel autobloquant ZF, cette nouvelle venue s'inscrit dans la continuité des Alpine A110 et A310 qui ont forgé la légende de la marque en compétition. Mais derrière cette filiation historique se cache une révolution technologique qui pourrait bien redéfinir l'avenir du rallye automobile.
Un héritage rallye réinventé pour l'ère électrique
L'Alpine A290 Rallye ne doit rien au hasard. Sa conception s'appuie sur les réglementations FIA eRally5-1, positionnant cette voiture comme un véritable outil de compétition accessible. Cette catégorie, pensée pour démocratiser le rallye électrique, permet à Alpine de renouer avec ses racines tout en explorant de nouveaux territoires technologiques.
La filiation avec les glorieuses Alpine de rallye des années 1960 et 1970 transparaît dans chaque détail. Les modifications incluent un intérieur dépouillé, un arceau de sécurité et des sièges baquets Sabelt, rappelant l'approche fonctionnelle des A110 Berlinette qui dominaient les spéciales européennes. Mais là où ses ancêtres comptaient sur la légèreté et la puissance de leurs moteurs quatre cylindres, l'A290 Rallye mise sur la technologie électrique pour retrouver cette agilité légendaire.
Le différentiel autobloquant ZF constitue l'une des évolutions les plus significatives par rapport au modèle de série. Cette technologie, couplée à des modifications du logiciel de contrôle et de la démultiplication, permet de mieux répartir les 220 chevaux et 300 Nm de couple sur les roues avant. Une approche qui évoque les préparations des Alpine A310 V6 engagées dans les années 1970, mais transposée à l'électrique. Oui, on cherche les liens avec le passé.
L'innovation au service du spectacle ?
Alpine a compris qu'une voiture de rallye électrique devait compenser l'absence du rugissement d'un moteur thermique. Un générateur de son externe a été développé, émettant des bruits qui changent selon la vitesse et la position de l'accélérateur. Cette innovation, loin d'être un simple gadget, répond à un véritable besoin : maintenir le lien émotionnel entre les spectateurs et la course. A la rédaction, on est pas vraiment fans.
Le châssis bénéficie d'un traitement de faveur avec des amortisseurs ALP Racing Suspension spécifiquement développés pour résister aux contraintes des spéciales. Les jantes de 18 pouces Evo Corse chaussées de pneus Michelin Pilot Sport A complètent cette préparation, tandis que le système de freinage évolue considérablement. Les disques avant passent de 320 à 350 mm de diamètre avec des étriers six pistons, tandis que les disques arrière sont réduits à 280 mm.
Cette répartition des masses de freinage témoigne d'une approche réfléchie : privilégier la puissance de freinage à l'avant tout en optimisant le poids non suspendu à l'arrière. Un frein à main hydraulique vient compléter l'arsenal pour négocier les épingles serrées.
Une stratégie commerciale repensée
Proposée à 59 990 € hors taxes, l'Alpine A290 Rallye se positionne intelligemment sur le marché des voitures de rallye client. Ce tarif, certes élevé par rapport aux 37 500 € de la version de série la plus puissante, reste accessible dans l'univers de la compétition automobile. Alpine ne se contente pas de vendre une voiture : la marque promet un accompagnement technique et sportif de haut niveau, avec une infrastructure de recharge spécifique.
À l'image de Lancia avec ses Delta Integrale ou de Subaru avec ses Impreza WRX, Alpine mise sur un écosystème complet pour fidéliser sa clientèle de compétition. Un challenge organisé sur un seul rallye est prévu en France d'ici la fin 2025, permettant aux propriétaires de découvrir leur machine dans un environnement maîtrisé.
La production, assurée dans l'atelier de compétition de l'usine Jean Rédélé à Dieppe, garantit un niveau de finition artisanal. Cette approche, héritée des pratiques d'Alpine depuis les années 1960, renforce l'exclusivité du modèle tout en préservant l'ADN manufacturier français de la marque.
Son passage annoncé au Goodwood Festival of Speed puis au Rallye Mont-Blanc Morzine permettra de vérifier si cette alchimie entre tradition et innovation séduit autant sur les spéciales que sur le papier. A noter que le Festival of Speed de Goodwood sera diffusé pour la première fois et en intégralité en Français, sur la chaîne Goodwood Road & Racing.
